«Aujourd’hui, d’un point de vue global, on a les stocks pour l’hiver en matière notamment d’amoxicilline, l’antibiotique le plus courant» : le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, s’est voulu rassurant ce mardi 3 octobre sur France Inter, alors que l’hiver dernier a été marqué par des difficultés d’approvisionnement pour un certain nombre de médicaments très utilisés, dont l’amoxicilline, utilisé couramment dans certaines infections bactériennes. Rousseau reconnaît cependant un phénomène de «sur-stocks» effectués par certaines des «plus grosses pharmacies». Il indique avoir pris «la décision de redonner à ceux qui font la répartition la responsabilité que toutes les pharmacies, y compris les plus petites, aient accès à ces stocks».
Le 20 septembre, une source proche du dossier, en pleine présentation du projet de loi de financement de la sécurité sociale, avait annoncé que la délivrance de médicaments à l’unité allait être rendue obligatoire pour certains antibiotiques en tension d’approvisionnement. Cette décision pourrait aussi contribuer à réduire le gaspillage en délivrant le nombre exact de comprimés prescrits, alors que la consommation des antibiotiques en France reste parmi les plus élevées en Europe.
Tension sur le vaccin contre la bronchiolite
Après cinq mois de travaux, une commission d’enquête sénatoriale sur les pénuries de médicaments avait fait, le 6 juillet, un bilan pour le moins «mitigé» des politiques publiques engagées pour sécuriser l’approvisionnement des médicaments. En 2022, plus de 3 700 ruptures et risques de ruptures ont été signalés sur le territoire national, contre 700 à l’été 2018. Toutes les classes thérapeutiques sans exception sont touchées, laissant entrevoir un risque croissant de préjudice pour les patients. «Il y a là un dysfonctionnement réel, profond et grave de l’approvisionnement de nos systèmes sanitaires européens», relevaient les sénatrices. Mais le pire est sans doute à venir. Selon les informations recueillies par la commission, ce sont près de 700 médicaments, dont certains estampillés «d’intérêt thérapeutique majeur», que les industriels français envisagent d’abandonner «dans les mois et années qui viennent».
Sur France Inter, Aurélien Rousseau a expliqué que le niveau des stocks cet hiver allait «dépendre de l’intensité des épidémies». «C’est pour ça qu’on se bagarre sur la vaccination contre la bronchiolite et contre la grippe.» Là encore, la situation est tendue. En à peine deux semaines, le Beyfortus, traitement monoclonal qui vise à immuniser les bébés contre le principal virus à l’origine de la bronchiolite, est quasiment en rupture de stock. D’où la décision, annoncée mercredi 27 septembre, de réserver le produit développé par Sanofi aux maternités dans sa version destinée aux plus petits nourrissons, «dans un souci de bonne gestion des stocks disponibles».