«Catastrophique.» «Hallucinant.» «Dangereux.» Un SMS a suffi pour mettre les urgentistes du CHU de Caen en mode panique. Le 20 octobre, un message assorti d’émoticônes d’effroi, de pleurs et de colère les informe que leur pire crainte est sur le point de se concrétiser. A compter du lundi 3 novembre, et pour au moins six mois, l’équipe devra se passer du renfort des internes. Soit 27 apprentis médecins dont sept docteurs juniors (internes de dernière année) indispensables pour boucler les plannings de garde. Déjà éprouvé par une année difficile, le moral des troupes amorce une chute libre.
«Sans eux, on ne sera plus que quinze médecins à temps plein pour gérer 24 heures sur 24, sept jours sur sept, 150 à 200 passages quotidiens, sans compter la trentaine de patients en attente de lits d’hospitalisation qui passent la nuit et qu’il faut réévaluer chaque matin, s’effondre un urgentiste. Si rien n’est fait, il va manquer, non plus la moitié, mais les deux tiers de l’effectif médical nécessaire pour assurer le fonctionnement normal du service !» Son anxiété est partagée : «Ce ne sera physiquement pas tenable, raconte un autre. On a peur pour nous et on a peur pour les patients. On va forcément faire des bêtises. On n’est pas surhumain.»
«On espère que cela servira d’électrochoc»
Les internes ont atteint avant leurs aînés le point de rupture. «Ceux en poste à Caen au deuxième semestre nous ont fait remonter des témoignages inquiétants, indique la présidente de l’Intersyndicale natio