Pheunide allait avoir 35 ans quand le cancer du sein a ébranlé sa vie. Le tourbillon a balayé son quotidien, évacué son travail, ses loisirs. Parce qu’elle était affaiblie, physiquement et psychologiquement. Parce qu’elle n’avait plus d’argent. Au bout de deux ans d’arrêt de travail (sur sept), la fonctionnaire a dû vivre avec la moitié de son salaire, puis sans, en s’appuyant uniquement sur celui de son mari. «La priorité, c’était les factures et le crédit à rembourser – l’assurance a refusé de fonctionner. On mangeait des patates et un morceau de pain, mais on avait un toit.» Son découvert a dépassé 3 000 euros. Elle a vendu sa voiture pour le combler. Plus question de sorties ou de cadeaux d’anniversaire pour les enfants. «Je me sentais tellement coupable. J’avais honte de demander de l’aide à ma famille. Avant, on n’était pas riches, mais pas pauvres. La maladie nous a mis au plus bas.»
Presque dix ans après son diagnostic, malgré la fin de ses traitements, Pheunide renonce toujours à certains soins qui pourraient la soulager. Son histoire ressemble à celle de bien d’autres bouleversées par un cancer : les arbitrages, le