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Reportage

«On perd en humanité» : en Maine-et-Loire, l’équation compliquée du transport sanitaire

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Pénurie de soignants, hausse des franchises et des distances… Depuis le 1er avril, les malades doivent mettre 4 euros de leur poche par trajet. Une volonté du gouvernement de les «responsabiliser» et de maîtriser les dépenses de santé. Mais dans le département ligérien comme dans d’autres, plus l’offre de soins se fait rare, plus les besoins de transport augmentent.
Jérôme Baranger est gérant d'une entreprise de taxi et d'ambulances à Doué-la-Fontaine, dans le Maine-et-Loire, le 17 avril 2024. (Théophile Trossat/Libération)
publié le 8 mai 2024 à 15h43

Paulette attend Jérôme Baranger, son chauffeur de taxi du jour, sur le pas de sa porte, entre deux jardinières de pensées, sa prescription pour le trajet à la main. A 10 h 30, en ce mercredi d’avril, c’est reparti pour un énième voyage. Le moindre retard peut chambouler l’emploi du temps de la journée et il ne faut pas chômer, tant la demande des patients est élevée, compte tenu de la désertification médicale. La situation de tension dans le Maine-et-Loire reflète celle de l’Hexagone : pour 100 000 habitants, on dénombrait 350 médecins en 2023 dans le département, juste au-dessus de la moyenne nationale.

L’ancienne femme de ménage a arrêté de conduire quand elle a appris qu’elle était atteinte d’un cancer du sein, il y a trente-quatre ans. Elle se serait bien passée de tous ces allers-retours en taxi entre son domicile de Nueil-sur-Layon et le CHU d’Angers, à 65 km. «Cette route, je ne voulais plus la voir», commente la coquette dame de 90 ans, chaussures vernies noires, écharpe blanche assortie à sa chevelure retrouvée. Elle a suivi «un traitemen