Menu
Libération
Santé

«On vomit la nuit, le jour, sans répit. Et on n’est pas toujours crue» : à Clermont-Ferrand, une étude pilote sur la forme extrême des nausées de grossesse

Article réservé aux abonnés
Une étude pionnière du CHU de Clermont-Ferrand explore depuis début mai l’ampleur ignorée de l’hyperémèse gravidique, les nausées et vomissements pendant la grossesse. Derrière ces symptômes banalisés, parfois invalidants, se cache un tabou médical et social sur la souffrance des femmes enceintes.
Si jusqu’à 80 % des femmes souffrent de nausées ou vomissements durant leur grossesse, souvent au premier trimestre, dans 1 à 3 % des cas, les symptômes deviennent sévères. (Claire Picheyre/plainpicture)
par Sonia Reyne, correspondante à Clermont-Ferrand
publié le 15 mai 2025 à 16h11

«J’ai interrompu ma dernière grossesse en 2023 parce que c’était ma vie ou celle du bébé», raconte Emilie, assistante de gestion dans les Vosges et mère de trois enfants. Si elle a fait ce choix, douloureux, c’est notamment qu’elle avait souffert des mêmes symptômes lors de sa précédente grossesse, jusqu’à 150 vomissements par jour. «Je commençais déjà à ne plus pouvoir ni boire ni manger. J’ai pris la décision [d’arrêter] dès la sixième semaine d’aménorrhée.»

Jusqu’à 80 % des femmes souffrent de nausées ou vomissements durant leur grossesse, souvent au premier trimestre. Dans 1 à 3 % des cas, les symptômes deviennent sévères : c’est l’hyperémèse gravidique (HG), une forme extrême, invalidante, encore mal connue. Elle peut entraîner déshydratation, perte de poids importante, troubles électrolytiques, jusqu’à nécessiter une hospitalisation. L’hyperémèse gravidique augmente le risque de fausse couche, entraîne un petit poids de naissance pour le bébé et peut causer le décès maternel.

Audrey Tranchant, présidente de l’association HG et mère de trois enfants, se souvient d’un quotidien de «torture silencieuse». «On vomit la nuit, le jour, sans répit. Et on n’est pas toujours crue», appuie-t-elle. «On ne dispose pas aujourd’hui d’études en population générale», reconnaît la docteure Françoise Vendittelli, gynécologue au CHU de Clermont-Ferrand. Pour combler ce vide, l’hôpital clermontois, avec le Réseau de santé en périnatalité d’Auvergne et l’associati