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Ozempic : des scientifiques danois alertent sur un risque accru de développer une maladie rare de l’œil

Deux nouvelles études à paraître menées par des chercheurs de l’Université du Danemark du Sud montrent que le risque de développer cette maladie, qui peut aller jusqu’à la cécité, est doublé chez les patients diabétiques traités avec ce médicament. L’effet secondaire est rare, mais doit être pris en compte s’il est confirmé.
L’Université du Danemark du Sud alerte sur des complications graves associées à l’antidiabétique de Novo Nordisk, célèbre pour ses effets amaigrissants. (Iuliia Burmistrova/Getty Images)
publié le 18 décembre 2024 à 16h39

De nouveaux éléments à même de renforcer la vigilance autour de l’Ozempic. L’Université du Danemark du Sud alerte sur des complications graves associées à l’antidiabétique de Novo Nordisk, célèbre pour ses effets amaigrissants : deux études (en cours de publication dans des revues) lient ce traitement à un risque multiplié par deux de développer une pathologie rare de l’œil. Il s’agit d’une lésion du nerf optique, causée par une mauvaise circulation sanguine : elle entraîne perte de vue ou réduction du champ de vision, jusqu’à la cécité. Elle est irréversible.

La première équipe a examiné les données de plus de 420 000 Danois atteints de diabète de type 2. Parmi eux, 106 000 ont été traités avec de l’Ozempic entre 2019 et 2023 : 67 ont développé cette maladie oculaire. En écartant des facteurs comme l’âge ou d’autres maladies, les chercheurs ont conclu à un risque multiplié par deux. De quoi confirmer leurs impressions de terrain : «Depuis l’arrivée de l’Ozempic sur le marché en 2018, nous avions observé que le nombre de cas avait augmenté à l’hôpital, retrace Jakob Grauslund, professeur spécialisé en maladie oculaire et auteur de l’une des études, cité sur le site de l’Université. Là où nous voyions 60 à 70 cas par an, nous en notons désormais jusqu’à 150, et plus souvent des patients atteints de diabète de type 2.»

Le Wegovy peu concerné

La seconde étude est arrivée à des conclusions similaires, avec une méthode différente : elle s’est concentrée sur des patients danois et norvégiens ayant commencé à être traités avec de l’Ozempic et les a comparés avec les nouveaux utilisateurs d’autres traitements. Ce doublement du risque s’applique à tout type de patient, quelle que soit l’avancée du diabète, souligne l’Université dans sa communication.

L’Ozempic contient la même molécule que le Wegovy (le sémaglutide), autre médicament phare du labo danois, indiqué contre l’obésité. Il n’a pas été inclus dans ces études, puisqu’il est commercialisé depuis peu. «On constate qu’il existe également des cas, mais le risque semble nettement inférieur d’après les observations préliminaires», souligne Anton Pottegård, professeur de pharmaco-épidémiologie qui a participé à la seconde étude.

Ces travaux visaient à vérifier de précédents résultats menés avec les données de 17 000 patients américains, publiés dans le Jama Ophtalmology en juillet. D’autres recherches doivent être menées pour préciser le lien entre le sémaglutide et ces observations, ainsi qu’établir des facteurs de risques.

«Très rare»

Mais attention à l’emballement précoce : le nombre de cas reste faible, et cet effet secondaire possible doit être mis au regard des bénéfices dans le contrôle de la glycémie, la réduction des risques cardiovasculaires et la perte de poids. «Il s’agit d’un effet secondaire grave mais très rare», insiste Anton Pottegård : sur les près de 50 000 patients sous Ozempic qu’il a étudiés, 32 ont développé la maladie. Non traité, un diabète peut aussi entraîner des troubles oculaires et bien d’autres complications.

Ces résultats ont été remontés aux autorités sanitaires internationales, charge à elles de les analyser et prendre en compte. En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament avait annoncé cet été renforcer sa surveillance sur les mésusages et effets indésirables de ces nouvelles molécules.