Une avancée majeure pour la survie des enfants, qui représentent 80 % des décès dus au paludisme en Afrique. Le Cameroun, pays de l’ouest africain, a lancé ce lundi 22 janvier la première campagne de vaccination systématique au monde contre le paludisme. Noah Ngah, un nourrisson de 6 mois, a reçu sa première injection du vaccin «RTS,S», sous les encouragements et les chants des infirmières d’un petit hôpital de la ville de Soa, à quelques kilomètres de la capitale Yaoundé. Une «étape historique», selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui alerte depuis des années sur la propagation de cette maladie et sur la nécessité du vaccin.
Dans cette campagne vaccinale, l’injection antipaludique est proposée gratuitement, selon le gouvernement, et systématiquement à tous les enfants de moins de 6 mois, en même temps que les autres vaccins classiques obligatoires ou recommandés.
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Le paludisme, également appelé malaria, est une maladie transmise à l’être humain par les piqûres de certains types de moustiques. Cette infection très ancienne, signalée dès l’Antiquité, se manifeste par de la fièvre, des maux de tête et des douleurs musculaires puis par des cycles de frissons, fièvre et sueurs. Elle tue plus de 600 000 personnes chaque année, dont 95 % en Afrique, selon l’OMS.
En 2022, le nombre de cas de paludisme dans le monde a atteint 249 millions, soit cinq millions de plus que l’année précédente. Une hausse inquiétante liée à la perturbation des systèmes de santé et à la résistance aux insecticides, mais aussi au changement climatique, souligne le rapport annuel de l’OMS sur le paludisme.
Le vaccin, un espoir
Bien que l’idée de lutter contre le paludisme par la vaccination existe depuis près d’un siècle, pas moins de 140 projets de vaccins se sont soldés par un échec du fait de la complexité de la maladie. Il aura fallu attendre 2021 pour que le vaccin «RTS,S», fabriqué par le géant pharmaceutique britannique GSK, démontre son efficacité et soit déployé massivement.
Les recherches menées sur l’ARN messager, en plein cœur de la lutte contre le Covid-19, ont permis d’accélérer celles sur le vaccin antipaludique. Premier vaccin ayant été validé et recommandé par l’OMS en 2021, le «RTS,S» a été envoyé massivement vers le Cameroun, avec plus de 300 000 doses livrées le 21 novembre.
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Le «RTS,S» a été testé depuis 2019 dans des «programmes pilotes» dans trois pays africains, le Kenya, le Ghana et le Malawi, dans des régions sélectionnées. Ces programmes avaient «entraîné une baisse spectaculaire de 13 % de la mortalité, toutes causes confondues, chez les enfants en âge de recevoir le vaccin, ainsi qu’une réduction substantielle des formes graves du paludisme et des hospitalisations», concluait l’OMS en novembre.
D’autres pays vont sauter le pas dans la vaccination à grande échelle dans les semaines à venir : le Burkina Faso, le Liberia, le Niger et la Sierra Leone. Pour le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, cette nouvelle est «une avancée révolutionnaire» et «une lueur d’espoir» pour des millions d’enfants. Autre bonne nouvelle : un deuxième vaccin efficace et peu coûteux, le R21/Matrix-M, a reçu la validation de l’OMS début octobre. Soit deux fois plus de chances de venir à bout de cette maladie.