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Libération
Souveraineté sanitaire

Paracétamol : feu vert pour la construction de l’une des premières usines de France, à Toulouse

Le projet porté par l’entreprise toulousaine Ipsophène a reçu mercredi 24 septembre l’autorisation environnementale de la préfecture pour faire sortir de terre son site Seveso. Coût estimé du projet, censé commencer à produire l’an prochain : 30 millions d’euros.

Le site d'ArianeGroup à Toulouse sur lequel l'usine de Ipsophène doit voir le jour. (Rémy Galbada/MAXPPP)
Publié le 25/09/2025 à 13h09

De quoi produire sur le sol français la molécule du médicament remboursé le plus consommé dans le pays. L’Etat a donné son feu vert pour la construction d’une des premières usines de paracétamol de France à Toulouse (Haute-Garonne). Le préfet d’Occitanie a annoncé mercredi 24 septembre avoir délivré «l’autorisation environnementale» pour l’implantation de ce site.

Pour être plus précis, l’usine, dont le projet est porté depuis deux ans par l’entreprise toulousaine Ipsophène, produira des principes actifs de l’antidouleur. Jusqu’à présent, ces molécules de bases viennent de Chine, d’Inde, de Turquie ou encore des Etats Unis.

A proximité de l’ancien site de l’usine AZF

La préfecture du département du Sud-Ouest vante donc un projet «stratégique», alors que la dépendance européenne pour les médicaments vis-à-vis des autres puissances mondiales a été mise en lumière par la pandémie de Covid-19. Le paracétamol fait partie, avec les antibiotiques ou la morphine, de la première liste, publiée par l’Union européenne, des médicaments «critiques» pour lesquels il est essentiel d’éviter des ruptures d’approvisionnement afin d’assurer leur disponibilité auprès des patients.

A Toulouse, l’usine de 5 000 m² doit voir le jour sur le site d’ArianeGroup, près de l’Oncopole, à quelques kilomètres du centre de la ville. Le lieu d’implantation de ce site classé Seveso seuil bas est à l’origine de critiques de riverains, car il se trouve à proximité de l’ancien site de l’usine AZF, dont l’explosion en 2001 avait fait 31 morts et environ 2 500 blessés.

«L’autorisation environnementale délivrée encadre strictement les mesures de maîtrise des risques», souligne le communiqué préfectoral, qui ajoute que «des mesures complémentaires» ont été prescrites par le préfet d’Occitanie et de Haute-Garonne, Pierre-André Durand, pour «renforcer la sécurité de l’activité». Comme le demande la loi Industrie verte, le projet a fait l’objet d’une «consultation du public de trois mois et de réunions d’informations», explique la préfecture.

L’usine nécessitera des investissements dépassant les 30 millions d’euros, avait annoncé début 2024 le président d’Ipsophène, Jean Boher, dont un soutien de 4,2 millions d’euros de la région Occitanie. Le patron estimait l’an dernier auprès de la radio locale Ici Occitanie la production à «4 000 tonnes par an quand nous serons en pleine capacité fin 2026». De quoi représenter, selon lui, «un petit peu moins de 50 % de la consommation française».

Un autre projet en Isère

En parallèle, un projet similaire est mené dans l’Isère depuis plusieurs années, par le groupe pharmaceutique français Seqens. «Des concurrents on en a et on en aura», répondait celui qui pilote ce projet, Jérôme Geneste, au micro d’Ici en juillet 2023. In fine, il tablait sur une quantité de «15 000 tonnes» de principes actifs de paracétamol qui sortirait de la future usine du Sud-Est.

Un projet dans lequel a notamment investi Opella, la filiale de Sanofi qui fabrique le Doliprane, dont 50 % des parts ont été vendues à fond américain en début d’année. Opella entend ainsi obtenir «entre 25 et 30 % de [ses] principe actif à l’avenir» pour l’usine de fabrication de l’antidouleur à Lisieux (Calvados), affirmait la PDG d’Opella Ségolène de Marsac à Ouest-France en juin dernier.

Aux dernières nouvelles, en octobre 2024, Seqens souhaitait commencer à écouler sa production courant 2026.