«Là où il y a des enfants, le tabac doit disparaître.» Dans une interview publiée ce jeudi dans Ouest France, la ministre de la Santé Catherine Vautrin a dévoilé une série de propositions draconiennes pour préserver les plus jeunes du tabagisme.
Parmi elles : une interdiction bien plus sévère de la consommation de tabac sur le plan géographique. «Dès le 1er juillet, les plages, parcs et jardins publics, abords des écoles, abribus, équipements sportifs seront, partout en France, des espaces sans tabac. Fumer y sera donc interdit, pour protéger nos enfants.» Chaque année, précise la ministre, ce sont 75 000 personnes qui meurent du tabac.
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Si certaines communes ont anticipé la décision gouvernementale, c’est donc tout le territoire qui sera désormais concerné au 1er juillet prochain. Elle ne concernera toutefois pas les terrasses de café, pas plus qu’elle n’inclura les cigarettes électroniques.
Le non-respect de l’interdiction «pourra engendrer une contravention de quatrième classe, soit 135 euros», précise Catherine Vautrin, qui souligne que la liberté de fumer «s’arrête là où commence le droit des enfants à respirer un air pur». Les collèges et les lycées sont aussi concernés par l’interdiction, pour éviter notamment que «collégiens et lycéens ne fument devant leur établissement».
«Dénormaliser» la consommation de tabac
La généralisation des espaces sans tabac, telle qu’annoncé par Catherine Vautrin, fait partie des mesures énoncées dans le Programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2023-2027, présenté par le ministre de la Santé de l’époque, Aurélien Rousseau, avec pour ambition de «relever le défi d’une génération débarrassée du tabac dès 2032».
Mais les organisations de lutte contre le tabagisme s’inquiétaient de ne pas voir arriver les mesures promises. Les espaces sans tabac protègent les non-fumeurs «du tabagisme passif qui tue lui aussi», expliquait récemment à l’AFP Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme (CNCT). Par ailleurs «cela dénormalise la consommation de tabac et amène les fumeurs à progressivement envisager d’arrêter de fumer. C’est efficace, ça a été démontré», avait-il ajouté.
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Désireuses d’agir, 1 600 communes volontaires ont déjà élargi l’interdiction de fumer dans les lieux publics à des parcs, plages, pistes de ski, abords d’écoles… soit 7 000 espaces sans tabac, dans des expérimentations locales accompagnées par la Ligue contre le cancer.
D’une manière générale, ces interdictions et celles mises en œuvre précédemment (lieux de travail, transports collectifs, écoles, aires de jeux pour enfants, espaces affectés au transport…) sont aujourd’hui «à peu près bien respectées», estimait récemment Philippe Bergerot, le président de la Ligue contre le cancer. Selon un sondage commandité par la Ligue, six Français sur dix (62 %) étaient favorables à une plus large interdiction de la cigarette dans l’espace public.
Baisser le taux de nicotine
Interrogée par Ouest-France sur une éventuelle nouvelle hausse de taxes sur le tabac et les cigarettes, Catherine Vautrin répond qu’il n’y a pas de hausse supplémentaire prévue, «au moment où je vous parle». «Sur cette question, je suis prudente quand je vois les ravages de la contrebande de tabac, et je veux qu’on accompagne la diversification des activités des buralistes, parce que ces commerces de proximité sont indispensables», indique-t-elle.
La ministre de la Santé souhaite en revanche parvenir à «baisser le taux de nicotine autorisé dans ces produits», et «réduire le nombre d’arômes». «J’ai besoin des avis scientifiques et techniques pour fixer les détails» de ces mesures, prévues pour entrer en vigueur «d’ici la fin du premier semestre 2026», indique-t-elle.
Le tabagisme fait 75 000 morts par an. Et selon les chiffres de l’Observatoire français des drogues et conduites addictives, il coûte 156 milliards d’euros par an à la société française (vies, qualité de vie et productivité perdues, dépenses publiques de prévention, répression, soins…), l’alcool coûtant de son côté 102 milliards.