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Libération
Qualité de l'air

Particules ultra fines : l’aéroport de Roissy aussi polluant que le périphérique parisien

La concentration en particules ultrafines, dix à cent fois plus petites que les particules fines, est aussi élevée à l’intérieur de l’aéroport francilien qu’au niveau du boulevard périphérique autour de la capitale, selon une étude d’Airparif publiée ce jeudi 29 février.
L'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle à Roissy-en-France, le 9 octobre 2023. (Maylis Rolland/Hans Lucas. AFP)
publié le 29 février 2024 à 17h12

Elles sont encore plus petites que les particules fines et pénètrent d’autant plus profondément dans l’organisme. Moins connues que leurs grandes cousines les particules fines PM2,5 et PM10, les particules ultrafines (PUF) n’en sont pas moins présentes dans l’air qu’on respire. Et selon les résultats de la dernière campagne de surveillance d’Aiparif publiés ce jeudi 29 février, leur concentration au centre de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle est comparable à celle autour du périphérique parisien.

Dans leur détail, l’organisme de surveillance de l’air francilien a détecté 23 000 particules ultrafines par cm³ à l’intérieur de l’aéroport, 17 900 à un kilomètre du site et 6 200 à cinq kilomètres. A titre de comparaison leur concentration est de 9 300 au centre de Paris, 23 000 autour du périphérique et peut monter jusqu’à 50 000 le long de la très fréquentée RN 20 en Essonne.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) considère qu’une concentration est basse en dessous de 1 000 et élevée au-dessus de 10 000 particules ultrafines par cm³. «Les résultats de cette campagne de mesure confirment que le trafic aérien engendre une augmentation des niveaux de particules ultrafines à proximité des aéroports», note Airparif.

Ces polluants «ne sont pas réglementés à ce jour», précise AirParif. Toutefois, les agences de santé recommandent de mieux les surveiller. C’est pourquoi AirParif suit leur concentration en continu dans la capitale et par des études ponctuelles dans différents lieux comme les «zones résidentielles urbaines et rurales (février 2022) puis à proximité immédiate du trafic routier (octobre 2022)». Cette étude sur l’aéroport Charles de Gaulle est issue d’une campagne de trois mois de mesures en cinq lieux à l’automne 2022, avec un trafic aérien dans la moyenne de près de 1 150 décollages ou atterrissages quotidiens.

Plus petites qu’un virus, les particules ultra fines font moins de 100 nanomètres de diamètres, elles sont donc dix à cent fois fois plus petites que les particules fines, connues sous le nom de PM10 (pour 10 micromètres de diamètres) et PM2,5 (pour 2,5 micromètres de diamètres).

Leurs effets sur la santé sont encore mal connus. Elles «ont la capacité de migrer de l’espace alvéolaire (les poumons, ndlr) vers les tissus et de se propager par voie systémique, atteignant de nombreux organes, dont le cœur, le foie, les reins, et le cerveau, écrit l’Anses dans son expertise de 2019 sur le sujet. Des études cliniques et toxicologiques ont montré que les particules ultrafines agissent par l’intermédiaire de mécanismes qui ne sont pas partagés avec les particules plus grosses».

Leurs liens avec des pathologies respiratoires et cardiovasculaires commencent toutefois à être de mieux en mieux étayés. Un effet sur le développement des performances cognitives de l’enfant est aussi suggéré, mais doit encore être démontré. La pollution par leurs grandes sœurs, les particules fines, plus étudiée, a causé au moins 253 000 décès prématurés dans l’Union européenne en 2021, selon les derniers chiffres disponibles de l’Agence européenne de l’environnement.