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Covid-19

Pass sanitaire : 161 000 manifestants ce samedi en France, selon le ministère de l’Intérieur

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Des mobilisations ont lieu sur tout le territoire ce samedi contre l’obligation du pass sanitaire, défendue par le gouvernement pour endiguer la pandémie. Les protestataires ont été plus nombreux que la semaine dernière.
Des personnes participaient au rassemblement des Patriotes de Florian Philippot, samedi après-midi sur la place du Trocadéro à Paris. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 24 juillet 2021 à 11h24
(mis à jour le 24 juillet 2021 à 19h11)

«Pour la liberté» et «contre la dictature sanitaire». Après une première mobilisation nationale le 17 juillet, des dizaines de rassemblements ont à nouveau lieu ce samedi dans toute la France, contre l’extension du pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour certaines professions. Le ministère de l’Intérieur a estimé à 161 000 le nombre de manifestants sur l’ensemble du territoire ce samedi soir, dont 11 000 à Paris. Un chiffre supérieur aux prévisions des autorités, qui avaient tablé sur près de 110 000 personnes, soit autant que samedi dernier.

Certains protestataires ont commencé dès ce samedi matin, comme à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), à Chambéry (Savoie) ou encore à Périgueux (Dordogne). A Paris, les premiers manifestants se sont retrouvés aux alentours de midi sur la place de la Bastille, certains vêtus de gilets jaunes. Ils ont été nombreux à défiler dans les rues de la capitale, au sein de plusieurs cortèges.

Dans la capitale, trois manifestations étaient déclarées auprès de la préfecture, à midi depuis la place de la Bastille jusqu’à la porte de Champerret, ainsi qu’entre la Place Malraux et les Invalides, et à 14h30 sur la place du Trocadéro.

L’ex numéro 2 du FN et président des Patriotes, Florian Philippot, à l’initiative du rassemblement au Trocadéro, a d’ailleurs prétendu sur Twitter que 100 000 personnes y étaient rassemblées. Si la foule était dense, il paraît toutefois impossible de faire entrer autant de monde sur cette place.

Par ailleurs, quelques tensions ont eu lieu dans les défilés parisiens entre les manifestants et les forces de l’ordre, comme on peut le voir sur des images de vidéastes diffusées sur les réseaux sociaux. En début de soirée, des heurts ont eu lieu sur les Champs-Elysées.

Sur la journée, ces manifestations ont donné lieu à 71 interpellations, dont 24 à Paris, selon un décompte dimanche du ministère de l’Intérieur. Au total, 68 personnes ont été placées en garde en vue, a appris l’AFP de source policière, dont 21 à Paris, a précisé le parquet. «27 policiers et deux gendarmes ont été blessés. Aucun manifestant ne l’a été», a ajouté l’Intérieur.

Des rassemblements sur tout le territoire

Ces mobilisations interviennent alors qu’une très large majorité de Français (76 %) approuvent la décision d’Emmanuel Macron de rendre obligatoire la vaccination pour les personnels soignants et d’autres professions, avec sanctions à la clef, selon un sondage Elabe pour BFM TV le 13 juillet. L’extension du pass sanitaire (vaccination complète ou test négatif récent) recueille aussi une majorité d’approbations, mais qui varie suivant les lieux concernés.

Le pass sanitaire, «nous nous en serions bien passés si le contexte était différent», affirme le ministre de la Santé Olivier Véran, dans l’édition de ce samedi du Parisien. «On y mettra fin à la minute où nous le pourrons», promet-il. «Quand 90 ou 95 % de la population sera vaccinée, on aura 300 cas par jour au lieu de 20 000. On vivra alors avec le Covid, jusqu’à ce qu’il disparaisse de lui-même», anticipe également Véran. Devant le Sénat, vendredi soir, il a expliqué que les modèles «prédisent une vague forte avec un impact hospitalier qui pourrait être très dur à la mi ou à la fin août».

D’autres appels ont à manifester ont été lancés, entre autres, à Lille, Marseille, Belfort, Nantes, Besançon ou Colmar, à chaque fois dans l’après-midi. Dans la région Grand Est, quelque 4 000 personnes se sont rassemblées en début d’après-midi dans les rues de Strasbourg en scandant «Liberté, liberté» ou appelant Emmanuel Macron à la «démission». Parti peu après 14 heures de la place Kléber derrière une banderole proclamant : «Nous ne sommes pas de la chair à Macron», le cortège a longé l’hypercentre de la cité alsacienne, pour rallier vers 16 heures la place de la République.

A Lille, environ 2 000 personnes, aux profils variés et de tous âges, étaient présentes. «Ni moutons, ni cobayes, soutenons nos soignants», «Ma santé c’est privé», «Liberté j’écris ton nom», «Le virus, c’est Macron», pouvait-on lire sur des pancartes. L’hôtel de ville de Poitiers (Vienne) a été envahi par des manifestants. Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on aperçoit, de loin, des contestataires aux fenêtres du bâtiment, déchirer et jeter par la fenêtre le portrait du chef de l’Etat accroché dans la mairie.

A Toulouse, le rendez-vous était fixé à 14 heures dans le centre-ville, malgré l’interdiction «à tout rassemblement revendicatif non déclaré» émis par la préfecture.

Au moins une dizaine de rassemblements étaient prévus en Auvergne-Rhône-Alpes, y compris à Lyon où la mobilisation a démarré à 15 heures, place Bellecour dans le IIe arrondissement. A la suite «des violences» survenues samedi dernier en marge d’un rassemblement anti-pass sanitaire «illégal» sur la place Bellecour, deux périmètres d’interdiction de manifestations ont été établis par la préfecture du Rhône, de 12 heures à 21 heures.

A Annecy, la manifestation déclarée s’est doublée d’un rassemblement public d’échanges et de débats à l’appel des organisateurs des premières manifestations, dès mars, «pour la liberté», et sans masques. Et à Chambéry, où des manifestants s’étaient introduits mercredi dans la mairie pour décrocher le portrait d’Emmanuel Macron, le cortège de samedi était à nouveau non déclaré, regrette la préfecture de Savoie. Sur place, le nombre de personnes rassemblées semblait toutefois être plus élevé que les deux épisodes précédents.

Regroupée autour des hashtags #manif24juillet, #PassDeLaHonte ou #liberté sur les réseaux sociaux, l’opposition aux mesures gouvernementales pour lutter contre le Covid-19 fédère des manifestants anti-masques, anti-vaccins ou anti-confinement aux revendications protéiformes. Des mouvements surveillés comme le lait sur le feu par le gouvernement.

Pendant la semaine, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblés devant l’Assemblée nationale et le Sénat, suivant le parcours parlementaire du projet de loi anti-Covid, dont l’adoption définitive est attendue à la fin du week-end. Après le vote des députés, vendredi au petit matin, dans un contexte de débats houleux, le texte est désormais entre les mains des sénateurs.

Mise à jour : dimanche à 13 h 40, avec les chiffres de l’Intérieur sur les interpellations et les blessés.