La parade aura été de courte durée. «Chers clients, à la suite de la mise en demeure de la préfecture, nous n’avons d’autre choix que de mettre en place le contrôle du pass sanitaire pour l’accès à notre hypermarché», pouvait-on lire mardi matin sur la page Facebook de l’hypermarché Leclerc de Roques-sur-Garonne, près de Toulouse. Le gouvernement a en effet demandé aux préfets d’imposer le pass sanitaire aux grandes surfaces de plus de 20 000 m², dans les départements où le taux d’incidence dépasse les 200 pour 100 000 habitants sur une semaine, ce qui est le cas en Haute-Garonne.
Une mesure avec laquelle la direction du centre commercial de la commune, qui se compose d’une grande surface et d’une galerie commerciale, pensait pouvoir transiger. Lundi, les clients qui souhaitaient accéder uniquement à l’hypermarché Leclerc pouvaient rentrer par le parking sans pass sanitaire, tandis que le QR code était exigé pour accéder à la galerie marchande.
«Concurrence déloyale»
«On n’avait pas trop de marge de manœuvre vu les risques encourus, on ne va tout de même pas mettre en péril la situation de nos salariés et de l’entreprise», a indiqué à l’AFP son directeur, Jacques Blimont. Et de confier à Libération : «Aujourd’hui, on a une position qui n’a pas changé, malgré celle de la préfecture.» Selon lui, le pass sanitaire «a pour effet immédiat de concentrer les populations dans des lieux plus exigus, en orientant les consommateurs sur des magasins de plus petites tailles», où les contrôles ne sont pas obligatoires.
Ce qui favorise pour le directeur «une situation de concurrence déloyale», «en instituant qu’il y a des centres commerciaux qui peuvent accueillir des clients et d’autres pas». «Si notre magasin était physiquement détaché de la galerie marchande auquel il est aujourd’hui relié, il pourrait accueillir ses consommateurs», regrette ce dernier.
Reportage
Le gérant assure néanmoins comprendre la mesure : «On ne remet pas du tout en cause la légitimité des moyens mis en place pour lutter contre la diffusion du virus et on a la volonté de protéger les gens qui fréquentent notre entreprise, que ce soit les salariés ou les consommateurs», insiste Jacques Blimont, précisant préparer la mise en place du pass sanitaire pour les salariés pour le 30 août. «Notre principale préoccupation, c’est que notre magasin accueille un public populaire et qu’aujourd’hui, une partie de nos consommateurs ne peuvent plus venir chez nous car leur choix, leur option, ou leur situation personnelle ne leur permet pas de présenter un pass sanitaire», conclut-il. En cas de non respect de cette mesure, le magasin pouvait s’exposer à une fermeture administrative pouvant aller jusqu’à sept jours.