Comment mettre fin aux pénuries de médicaments ? La question taraude le gouvernement depuis plusieurs mois déjà. Ce mercredi 21 février, la ministre du Travail de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin, accompagnée de son ministre délégué à la Santé Frédéric Valletoux et du ministre de l’Industrie Roland Lescure doivent présenter en fin de journée leur plan «anti-pénurie» pour la période 2024-2027. Un plan présenté en avant-première à nos confrères du Parisien résumé ainsi : «innover, produire, soigner et prescrire, et enfin délivrer.»
En juillet dernier, le rapport d’une commission d’enquête sénatoriale sur le sujet égratignait les politiques publiques menées ces dernières années. Le document déplorait une communication politique «brouillonne», des décisions de l’exécutif «ambiguës» voire «contradictoires» sur les relocalisations de production pharmaceutique. Il pointait également des contrôles insuffisants des laboratoires ou des aides publiques distribuées aux industriels «sans contreparties». Ainsi, près de 5 000 signalements de rupture ou risque de rupture de stock d’un médicament ont été rapportés sur l’année 2023. De quoi pousser l’exécutif à réagir.
Pour tenter de juguler les pénuries de médicaments en fortes augmentations ces dernières années, le gouvernement veut tout d’abord produire plus de pilules, cachets et comprimés en tout genre en France. Pour cela, l’exécutif compte s’appuyer sur le premier plan présenté en juin 2023 par Emmanuel Macron durant lequel il avait annoncé l’établissement d’une liste de 450 «médicaments essentiels». «À partir de cette liste, des travaux spécifiques vont être engagés pour mieux garantir leur disponibilité : un suivi renforcé sur les capacités d’approvisionnement, une analyse des pratiques de prescription et des tendances d’achat, des solutions correctrices nécessaires pour assurer la réponse au besoin, pour certains médicaments des opérations de relocalisation», expliquait alors le plan présenté. Au Parisien, les ministres promettent «de nouvelles ouvertures de lignes de fabrication» qui devraient être annoncées dans les prochains mois. «Il faut relocaliser mais aussi éviter les départs. Désormais, si un industriel veut arrêter un médicament important, il devra tout faire pour trouver un repreneur», affirme le ministre de l’Industrie Roland Lescure.
Une liste évolutive
La fameuse liste de 450 médicaments essentiels présentée en juin dernier sera actualisée chaque année à partir de 2025, avancent les ministres. Un moyen d’ajouter des molécules qui n’en feraient pas encore partie mais qui se trouveraient en situation de pénurie, ou à l’inverse, d’en faire sortir d’autres dont le problème serait réglé. «C’est une matière mouvante. Il peut y avoir des trous dans la raquette mais aussi des médicaments qui ne devraient pas forcément y être», précise Catherine Vautrin.
Reportage
Avec son nouveau plan, l’exécutif dit également vouloir anticiper les potentielles pénuries avant que celles-ci soient signalées par les pharmaciens. Cela grâce à «des données plus précises» qui, à cette heure, n’ont pas encore été dévoilées. Le gouvernement entend aussi mettre l’accent sur la communication. Auprès des patients déjà pour les enjoindre à ne pas en faire usage hors prescription. «Certaines pharmacies proposent déjà de fournir le nombre de comprimés nécessaire. Mais je suis prête à aller plus loin et à travailler sur le conditionnement», assure Catherine Vautrin. Ainsi, les officines pourraient être encouragées à ne vendre aux patients que le nombre de comprimés ou gélules prescrits par les médecins. Et non plus des boîtes entières, laissant du rab dans les placards.
Les médecins, quant à eux, seront désormais encouragés à ne pas prescrire de médicaments en situation de pénurie. Ils auront, pour cela, des bases de données mises à jour. «À plus long terme, l’objectif est de proposer au moment de la prescription des alternatives aux médicaments essentiels», précisent les ministres. Il reviendra donc aux autorités compétentes, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et la Haute Autorité de santé (HAS) de définir des listes de «concordance» ou «d’équivalence» qui seront ensuite proposées aux patients.