De l’eau dans le gaz pour Perrier ? D’après les informations de la cellule investigation de Radio France, qui a eu accès à un document de l’Agence régionale de santé (ARS) d’Occitanie, des bactéries pathogènes de l’intestin (entérobactéries) ont été retrouvées en mars dans l’eau des bouteilles de 75 centilitres de Perrier, au sein de l’usine de la marque à Vergèze, dans le Gard. A cause de cette nouvelle contamination, une ligne de production a été mise à l’arrêt, et 369 palettes, c’est-à-dire environ 300 000 bouteilles, bloquées. D’après l’ARS, «une destruction complète pourrait être envisagée».
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Si Nestlé assure qu’il s’agit là de «simples mesures internes de gestion de la qualité […] indépendantes de la qualité de l’eau au forage» et que «tous les produits mis sur le marché sont sûrs», son manque de transparence interroge. L’entreprise n’a pas, relève France info, prévenu immédiatement les autorités sanitaires, comme le code de la santé publique le lui impose : «Alors que la présence de bactéries pathogènes (entérobactéries) est détectée le 11 mars, l’ARS n’est informée que dix jours plus tard.»
«Plus pures depuis des années»
Ces informations interviennent après les premières révélations de la cellule investigation de Radio France et du Monde, qui avaient mis au jour en janvier 2024 les pratiques trompeuses du groupe sur le traitement de ses eaux, et le fait que «de nombreux rapports administratifs prouvent que les ressources en eau exploitées par Nestlé dans son usine du Gard [n’étaient] plus pures depuis des années, et qu’elles ne devraient plus être embouteillées et commercialisées comme des eaux minérales naturelles». Le dernier en date «confirme que tous les forages du groupe Perrier ont perdu leur «pureté originelle», condition nécessaire pour bénéficier de l’appellation».
Inquiets pour l’avenir du site de Vergèze, qui emploie 1 000 personnes, des élus du Gard ont interpellé mardi le préfet du Gard, Jérôme Bonet, qui doit se prononcer dans les prochains jours sur l’autorisation d’exploitation, réclamant un «rendez-vous en urgence» afin de trouver les moyens de maintenir l’activité du site de Nestlé Waters, dont l’arrêt aurait des «conséquences économiques désastreuses». D’après les informations de France info, dans son rapport destiné à la préfecture, le directeur général de l’ARS Occitanie préconise de lui retirer le label «eau minérale naturelle».
Traitements interdits pour les eaux minérales naturelles
Depuis plusieurs mois, la filiale eaux du géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé fait l’objet d’une polémique concernant son usage, par le passé, de traitements de désinfection de ses eaux, non dangereux mais interdits pour les eaux minérales naturelles. Une commission d’enquête sénatoriale, mise en place en novembre, a mené une centaine d’auditions pendant quatre mois pour éclairer sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille. Son rapport sera rendu le 19 mai.
Au sujet de l’usine de Vergèze, la répression des fraudes (DGCCRF) a saisi la justice au titre de l’article 40 du code de procédure pénale (qui prévoit que toute administration ayant connaissance de pratiques pouvant relever d’un délit ou crime est tenue de le signaler au procureur), a confirmé à l’AFP le parquet de Paris, auprès duquel une information judiciaire avait été préalablement ouverte.
Mise à jour à 15 heures avec la saisie de la justice par la répression des fraudes