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En interdisant la vente de tabac aux jeunes, 1,2 million de morts liées pourraient être évitées d’ici 2095

Une «génération sans tabac» permettrait à 1,2 million de personnes nées entre 2006 et 2010, de ne pas mourir d’un cancer du poumon d’ici la fin du siècle, démontre une étude publiée ce jeudi 3 octobre dans la revue «The Lancet Public Health», menée le Centre de recherche contre le cancer.
Des millions de morts pourraient être évités d'ici 2095 grâce à l'interdiction de la vente de tabac chez les jeunes, une «génération sans tabac». (Axel Heimken/dpa Picture-Alliance. AFP)
publié le 3 octobre 2024 à 13h14

L’interdiction de vente de tabac aux jeunes nés entre 2006 et 2010 pourrait éviter près de 1,2 million de morts d’un cancer du poumon d’ici la fin du siècle, a révélé le Centre international de Recherche contre le Cancer (CIRC), dans une étude publiée ce jeudi 3 octobre dans la revue The Lancet Public Health. Le tabagisme actif et passif – principal facteur de risque de cancer du poumon – cause 8 millions de décès dans le monde chaque année.

Et si la tendance actuelle se poursuit, le cancer du poumon pourrait toucher plus de 2,95 millions de décès chez les jeunes nés entre début 2006 et fin 2010, la tranche d’âge des 14-18 ans.

Des résultats différents chez les hommes et les femmes, selon les pays

L’étude s’est appuyée sur des données de mortalité et d’incidence du cancer sur les cinq continents, couvrant 185 pays. Dans cette modélisation à l’échelle internationale, le CIRC a révélé que l’application d’une génération sans tabac serait plus efficace pour les hommes que pour les femmes. Le risque de décès serait évitable à 45,8 % chez les hommes contre 30,9 % chez les femmes. D’après l’observation de nombreux chercheurs et universitaires dans le monde, cette différence de résultats entre les hommes et les femmes est «probablement liée à la prévalence plus élevée et à l’apparition plus précoce du tabagisme chez les hommes».

Mais cette tendance est toutefois à nuancer. Dans certaines régions du monde, comme l’Amérique du Nord, certaines parties de l’Europe, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, les chercheurs observent que les effets d’une génération sans tabac profiteraient davantage aux femmes. En Europe occidentale, le cancer du poumon serait évitable à 77,7 % pour les femmes, contre 68,9 % pour les hommes. Même constat en Amérique du Nord, où les chances d’éviter de mourir du cancer pour les femmes sont de 63 % contre 49,3 % pour les hommes.

Une initiative encore timide

Ces dernières années, le projet d’une «génération sans tabac» a été lancé dans plusieurs pays, comme la Nouvelle-Zélande, ou dans diverses régions d’Australie et des Etats-Unis. En 2022, la Nouvelle-Zélande est le premier pays au monde à voter l’interdiction de vendre des cigarettes aux personnes nées après 2008. Mais un an après, le nouveau gouvernement conservateur a fait machine arrière en annonçant l’abandon de cette mesure. Le Premier ministre néo-zélandais Christopher Luxon avait invoqué les craintes d’un marché noir de vente de tabac, «qui serait en grande partie non taxé».

Mais au Royaume-Uni, le nouveau Premier ministre travailliste Keir Starmer compte bien s’y atteler en reprenant le projet de son prédécesseur conservateur, Rishi Sunak, qui rendrait donc illégale la vente de tabac aux jeunes âgés de 15 ans.

En France, l’ancien ministre de la Santé Aurélien Rousseau avait présenté en 2023 le Programme national de lutte contre le tabac. Ce dernier ambitionnait de présenter sa première génération sans tabac d’ici 2032. En augmentant le prix du paquet de cigarettes (12 euros en 2025, puis 13 euros en 2027), avec le renforcement de l’interdiction du vapotage aux mineurs ou bien le souhait d’élargir les paquets neutres. Les paquets neutres sont conçus pour être moins attractifs et donc réduire l’initiation du tabagisme. Mais ces emballages ne sont pas encore appliqués aux cigares ou bien au tabac à mâcher par exemple.

Le CIRC encourage les pays dans cette initiative de génération sans tabac, mais précise que cela ne suffira pas à lutter contre les fléaux du tabagisme. Les chercheurs rappellent l’importance de mesures qui existent déjà et de leurs retombées positives. C’est le cas de l’augmentation des taxes, des lieux sans tabac ou encore des mesures d’aides et de soutien au sevrage.