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PMA pour toutes : demande exponentielle et manque de dons allongent encore les délais

Victime de son succès, la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes et les femmes seules prend de plus en plus de temps, selon l’Agence de biomédecine : 23,8 mois pour les PMA avec don d’ovocytes, 15,8 mois avec don de spermatozoïdes.
Service de PMA à Neuilly, dans la Clinique Pierre Cherest. (Julie Limont/Hans Lucas. AFP)
publié le 15 décembre 2023 à 18h08

Beaucoup de demandes, pas assez de dons. Depuis son entrée en vigueur, en 2021, la procréation médicale assistée (PMA) pour toutes est victime de son succès ce qui allonge de plus en plus les délais pour pouvoir entamer une grossesse et met en péril les projets de familles de certaines femmes.

Selon un communiqué de l’Agence de biomédecine daté du jeudi 14 décembre, pour une PMA avec don d’ovocytes, entre le second semestre 2022 et le premier semestre 2023, le délai est passé de 23 à 23,8 mois. Au 30 juin 2023, 2 315 demandes de PMA avec don d’ovocytes étaient encore en attente, contre 2 077 un semestre plus tôt. Mais, lueur d’espoir, on enregistre une légère progression du nombre de candidates au don d’ovocytes : 506 femmes se sont portées candidates au premier semestre 2023, contre 495 au semestre précédent.

Pour les PMA avec don de spermatozoïdes, le délai d’attente est passé de 14,4 à 15,8 mois. Parmi les 5 400 demandeurs en attente de prise en charge avec ce don de spermatozoïdes, figurent 41,1 % de couples de femmes, 40,2 % de femmes seules et 18,4 % de couples hétérosexuels.

Gravitant autour de 600 par an, le nombre de candidats au don de spermatozoïdes reste stable «mais n’est pas suffisant pour faire face à l’augmentation massive» des demandes, pointe l’agence. En octobre dernier, celle-ci avait lancé une vaste campagne de communication pour mobiliser davantage de donneurs, chez les parents de moins de 44 ans et les jeunes de 18 à 24 ans. Le slogan #FaitesDesParents ! devrait donc vivre jusqu’en janvier.

Les délais s’expliquent par l’explosion du nombre de demandes de PMA. Depuis la promulgation de la loi bioéthique, on a recensé près de 30 000 demandes de première consultation. C’est «une demande sociétale qu’il faut prendre en compte de façon durable», souligne Marine Jeantet, directrice générale de l’Agence de la biomédecine.

Les couples de femmes et les femmes seules représentent désormais 81 % des dossiers de PMA avec don de spermatozoïdes et ces demandes ont bondi de 25 % entre le second semestre 2022 et le premier semestre 2023, pour atteindre 7 216 demandes.

Parmi les femmes seules, plus de la moitié des demandeuses sont âgées de 35 à 39 ans, tandis que 7 % ont entre 18 et 29 ans, 18 % entre 30 et 34 ans et 18 % entre 40 et 45 ans. Pour les couples de femmes, la répartition est «assez équitable» : 29 % ont entre 25 et 29 ans, 29 % entre 30 et 34 ans et 24 % entre 35 et 39 ans. En ce qui concerne les couples femmes /hommes, la majorité des demandeuses se situe entre 30 et 39 ans (67 %).