Après la triple épidémie de Covid, bronchiolite et grippe qui avait rythmé l’hiver dernier, c’est une bactérie qui s’immisce dans la surveillance sanitaire en cette fin d’automne. «Mycoplasma pneumoniae» de son nom précis, responsable de pneumopathies surtout chez les enfants. Au point que la Direction générale de la Santé (DGS) alerte, dans un courrier envoyé aux professionnels de santé ce mercredi 29 novembre, sur la «recrudescence inhabituelle de cas d’infections respiratoires» qu’engendrent ces mycoplasmes, déjà observés en Chine. «L’immense majorité des infections sont bénignes et guérissent spontanément mais certains cas peuvent nécessiter une hospitalisation», précise la DGS.
Lire aussi
Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a lui aussi reconnu ce mercredi matin sur France Info une «augmentation» de ces mycoplasmes, «comme dans tous les pays d’Europe». Si ces pneumopathies touchent «un peu moins les tout petits bébés», selon le ministre, «on sent aujourd’hui l’impact sur les urgences pédiatriques.» Selon les dernières données publiées ce mercredi par Santé publique France, plus de 1 860 hospitalisations ont été répertoriées chez les 2-14 ans entre les 20 et 26 novembre, contre 1 660 la semaine précédente et 1 329 il y a trois semaines. Même dynamique du côté de SOS Médecins : 754 actes ont été répertoriés chez les 2-14 ans, contre 641 une semaine auparavant. Une activité aujourd’hui à des «niveaux très supérieurs» par rapport aux années précédentes : en 2022, à la même période, l’association répertoriait environ 300 cas hebdomadaires dans cette tranche d’âge.
Mycoplasma pneumoniae est une bactérie responsable d’infections respiratoires, très fréquentes chez les enfants de plus de 4 ans et les jeunes adultes. Elle se transmet par voie respiratoire, via de fines gouttelettes et contacts rapprochés, avec une incubation d’une à trois semaines. C’est cette même bactérie qui est soupçonnée d’être en partie à l’origine de la recrudescence des infections respiratoires en Chine. Après le pneumocoque, elle est le deuxième agent infectieux responsable de pneumonies communautaires - mais les infections qu’elle provoque sont le plus souvent modérées. Elle affecte «essentiellement les enfants et les adultes jeunes mais peut toucher toutes les tranches d’âge», souligne la Société française de microbiologie (SFM), avec des infections possiblement «plus sévères» chez les plus âgés.
«Poussées épidémiques tous les quatre à sept ans»
Cette bactérie est bien connue : elle engendrait, avant le Covid, des «petites poussées épidémiques tous les quatre à sept ans», détaille la SFM. Mais elle s’était faite jusqu’ici plutôt discrète après la pandémie, et peu de cas avaient été recensés.
Bonne nouvelle néanmoins : «C’est une bactérie qui répond très bien à des antibiotiques spécifiques», soutient Aurélien Rousseau. Pas d’amoxicilline, utilisée en première intention en cas de pneumopathie bactérienne, mais des molécules de la famille des macrolides. «On a six mois de stocks sur ces produits.», a-t-il assuré. La prudence est tout de même de mise puisque la consommation de ces médicaments est logiquement en hausse.
A ce stade, les autorités ne lancent pas d’alerte préoccupante, mais renforcent leur vigilance. Santé publique France poursuit ses analyses «afin de préciser les caractéristiques et la dynamique actuelle de l’épidémie», souligne la DGS. Tandis que, face aux risques de pénuries, «l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) assure un suivi renforcé de la consommation des antibiotiques utilisés en période hivernale».