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Pollution, alimentation… Lancement d’une enquête au long cours sur la santé des Français

Les agences sanitaires lancent ce mardi 10 juin un projet ambitieux pour suivre la santé et les expositions chimiques de la population pendant des années.
(Manuel Cohen/AFP)
publié le 10 juin 2025 à 13h12

Albane. Dans quelques années, ce nom reviendra régulièrement dans les débats de santé publique. Les autorités de santé ont baptisé ainsi la vaste enquête chargée de suivre l’état de santé de la population française, ses habitudes alimentaires, son activité physique ou encore son exposition aux pesticides, aux bisphénols ou aux phtalates lancée ce mardi 10 juin.

Le but est d’obtenir une «photographie précise de la santé de la population», entre autres de «son exposition à une quinzaine de familles de substances présentes dans l’environnement», précisent Santé publique France (SPF) et l’Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement (Anses), qui sont associées pour mener à bien cette enquête. Cette dernière est soutenue par les ministères en charge de l’Ecologie, de la Santé, du Travail et de l’Agriculture.

3 150 personnes tous les deux ans

Tous les deux ans, des échantillons distincts de 3 150 personnes vont être analysés. Parmi les sondés, des «enfants et [des] adultes, sélectionnés au hasard sur plus d’une centaine de zones d’enquêtes réparties aléatoirement sur le territoire». L’enquête inclura un questionnaire consacré au logement, à la profession et la famille, un autoquestionnaire (sur les habitudes de vie, la santé, les habitudes alimentaires, l’activité physique), une étude alimentaire, une mesure de l’activité physique sur sept jours et un examen de santé. Ce dernier comprendra des prélèvements d’urine et de cheveux chez les participants de plus de 3 ans et des prélèvements de sang pour ceux de plus de 6 ans.

Les données recueillies par l’enquête Albane permettront notamment d’«établir des valeurs de référence d’exposition à partir des niveaux d’imprégnation de la population aux substances présentes dans l’environnement» telles que les pesticides. Associées aux données du Système national des données de santé (SNDS), ces données doivent montrer «quelles sont les maladies développées en fonction des expositions, des habitudes alimentaires et des caractéristiques de l’environnement décrites ou mesurées».

Orienter les politiques publiques

Elles viendront également alimenter d’autres travaux de l’Anses visant à établir des valeurs toxicologiques de référence pour une substance – le niveau à partir duquel celle-ci représente un risque pour la santé. Ses résultats sont très attendus tant les débats sont nombreux sur les conséquences sanitaires de l’utilisation des pesticides (Pfas, néonicotinoïdes, glyphosate, etc.).

Cette vision globale de l’état de santé de la population va pouvoir orienter des politiques publiques telles que le Programme national nutrition et santé, le Plan national de l’alimentation ou la Stratégie nationale de biosurveillance. Ces données seront aussi mises à disposition des équipes de recherche en France et à l’international, pour mieux caractériser les liens entre santé, environnement et alimentation. Les premiers résultats ne sont pas pour tout de suite, car ils seront publiés début 2028.