Une découverte à même de changer le quotidien de millions de personnes. Des chercheurs anglais ont publié, mardi 13 février dans la revue Lancet, les résultats probants d’un essai clinique. Un vaccin, injecté de façon hebdomadaire dans l’estomac ou la cuisse, a réduit de 80 % le risque de développer la polyarthrite rhumatoïde. Si ce principe actif – l’abatacept – est déjà prescrit pour les personnes souffrant de la maladie, il s’avérerait efficace pour ralentir la progression de la pathologie chez les personnes présentant de premiers symptômes, voire à l’arrêter. Les scientifiques ont salué ces résultats «prometteurs» affirmant qu’«il est désormais possible de prévenir l’apparition de la polyarthrite rhumatoïde».
Amélioration de la qualité de vie
La polyarthrite rhumatoïde est une maladie chronique particulièrement douloureuse. Elle provoque une inflammation des articulations et peut causer de graves lésions. Selon l’Organisation mondiale de la santé, en 2019, 18 millions de personnes dans le monde en souffraient, dont plus de la moitié est âgée de plus de 55 ans. Cette pathologie peut même devenir handicapante, les personnes atteintes ayant du mal à se déplacer et à accomplir les tâches quotidiennes. Jusqu’à présent, il n’existait aucun traitement permettant d’empêcher la contraction de la maladie. «Dans le cas de la polyarthrite avérée, l’abatacept réduit déjà l’inflammation», précise à Libération le professeur Xavier Mariette, chef du service de rhumatologie de l’hôpital Bicêtre (Val-de-Marne).
Interview
Pour leur essai clinique, les chercheurs se sont concentrés sur les cas de 213 patients présentant un risque précoce de polyarthrite rhumatoïde, venant du Royaume-Uni et des Pays-Bas. 110 d’entre eux ont reçu le médicament à base d’abatacept, et les autres affectés à un groupe placebo. Après douze mois de traitement, 92,8 % du groupe abatacept n’avaient pas développé la maladie, contre 69,2 % dans le deuxième échantillon. En outre, les personnes ayant reçu le traitement ont toutes connu une amélioration de leur qualité de vie, avec des douleurs articulaires beaucoup plus faibles.
«Une révolution»
Le médicament «serait donc capable de prévenir l’apparition d’une vraie polyarthrite lorsqu’il est donné», note Xavier Mariette. Avant de nuancer : «Mais dès qu’on l’arrête, la maladie se développe.» Un an après la fin de la prise du traitement, la différence entre les deux groupes s’atténue. «Tant que le médicament est injecté, cela fonctionne très bien, mais les deux courbes se rejoignent lorsque le traitement est arrêté», analyse le rhumatologue à la lecture de cette étude. «Ce n’est donc pas vraiment ce que j’appelle un traitement préventif. On sait simplement que si l’on traite la maladie très tôt, on arrive à la contenir, mais il faut continuer le traitement pour que ces bénéfices perdurent», conclut le professeur.
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L’un des auteurs de cette étude, Andrew Cope, chercheur au King’s College de Londres, cité par les médias anglophones, se réjouit de ces «premiers résultats» qui constituent «une bonne nouvelle pour les personnes à risque d’arthrite». Si Xavier Mariette reconnaît qu’il s’agit «d’études intéressantes», il prévient : «Ce n’est pas une révolution dans le domaine de la polyarthrite.» «Visiblement, la solution serait de prendre le traitement à vie, où de le tester sur une période plus longue que douze mois», ajoute-t-il. Une première avancée pour améliorer le quotidien des personnes touchées par cette lourde maladie donc, mais qui reste encore à creuser.