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«Pouches» : arsenic, métaux lourds et nicotine… les sachets font le plein de saleté

L’institut national de la consommation alerte ce mardi 10 décembre sur les taux élevés du produit chimique présents dans ces sachets de nicotine aromatisés. Leur interdiction avait été annoncée fin octobre par le gouvernement mais n’est plus à l’ordre du jour.
Des boîtes de pouches, ou snus. (Robert Michael/dpa Picture-Alliance. AFP)
publié le 10 décembre 2024 à 16h51

Des sachets de poudre gorgés de produits toxiques. Une étude au sujet des «pouches» publiée ce mardi 10 décembre par l’Institut national de la consommation (INC), en partenariat avec le Comité national contre le tabagisme (CNTC), tire la sonnette d’alarme. Appelé aussi «snus», ces sachets de nicotine consommés en les plaçant entre la gencive et la joue sont dans le collimateur des autorités sanitaires depuis de longs mois. Et pour cause, les auteurs du rapport évoquent des concentrations d’arsenic représentant «jusqu’à 6,5 fois» celles présentes dans une seule cigarette classique. «Cancérogène avéré, fortement irritante pour les voies respiratoires et toxique en cas d’ingestion, la présence d’arsenic est particulièrement préoccupante», ajoutent-ils.

Sept produits phares de quatre fabricants différents ont été passés au crible, analysés en laboratoire. On retrouve les marques Zyn, Velo, D’lice et Nois, toutes facilement disponibles en France sur internet et chez les buralistes. A l’intérieur des sachets, les chercheurs ont aussi observé la présence de «jusqu’à cinq métaux lourds différents», ainsi que d’antimoine et de formaldéhyde, des substances toxiques, corrosives et potentiellement cancérogènes.

Le shoot de nicotine qui accompagne la consommation de snus est également trop puissant, selon l’étude. Et les taux affichés sont trompeurs. «Les teneurs en nicotine affichées sur les boîtes sont systématiquement sans rapport avec les teneurs réelles des produits», révèle l’étude, qui pointe «un différentiel allant de 20 % à 73 % selon les marques». Les réels taux des sachets de nicotine peuvent aller jusqu’à 38,9 mg /g, soit près de dix fois plus que les gommes vendues en pharmacie, limités à 4mg /g. Selon l’INC, «ces produits apparaissent ainsi comme des vecteurs de dépendance à la nicotine, notamment auprès des jeunes».

«Nous démontrons aujourd’hui que les sachets de nicotine sont particulièrement nocifs par la présence préoccupante de métaux lourds que ces produits contiennent, et des vecteurs d’addiction par leur teneur en nicotine et en édulcorants», conclut dans le rapport d’étude le professeur Yves Martinet, président du Comité national contre le tabagisme.

L’interdiction dans les limbes

Fin octobre, Geneviève Darrieussecq, la ministre démissionnaire de la Santé, avait annoncé vouloir interdire prochainement ces produits. Mais entre-temps, la censure du gouvernement est passée par-là, entraînant ce projet dans sa chute.

Qu’en est-il de l’interdiction annoncée de ces «pouches» ? Contactés par Libération, les services du ministère de la Santé n’ont pour l’heure pas répondu à notre sollicitation. Les auteurs du rapport ont précisé avoir adressé une lettre au Premier ministre pour leur annoncer leur position commune «pour demander l’interdiction explicite et immédiate de ces produits». A voir si le ou la prochaine locataire de la rue de Ségur reprendra ce combat à son compte.