C’est rare, un militant qui vieillit aussi bien. Francis Carrier a 68 ans. Ingénieur informaticien à la retraite, le temps a beau passer, il est toujours dans le ton, à sa juste place. Hier troubadour dans un groupe musical, les Caramels fous, puis dans les années 90 investi dans la lutte contre le sida. Et aujourd’hui, à fond dans le combat pour que les vieux puissent décider de leur vie, comme en témoigne son livre tout juste paru, Vieillir comme je suis : l’invisibilité des vieux LGBTQI+ (Rue de Seine).
«On ne doit pas se soumettre à la fatalité»
Francis Carrier déteste par-dessus tout se plaindre. «Aujourd’hui, écrit-il, je suis entré dans cette période de ma vie : la vieillesse. Cette période de ma vie, je ne veux pas qu’on me la vole, je ne veux pas sacrifier à un jeunisme qui donnerait toute sa valeur à la vie et à une vieillesse qui ne porterait que des représentations obscures et négatives. J’ai envie de prendre mon temps pour réfléchir à ma vie, ma liberté, mon expérience. Envie aussi de faire ou réparer ce que je n’ai pas pu faire avant et pour cela je dois me souvenir de tous ces vieux que j’ai croisés, que je n’ai vus que par le prisme de ma jeunesse ou de ma vie d’adulte. Que m’ont-ils donné ?» Voilà. Il s’agit de se laisser ni faire ni endormir. Et l’engagement lui tient lieu de boussole.
Retou