Un virus de plus au catalogue du moustique. Les agences régionales de santé (ARS) du Var et de la Guadeloupe ont fait part, en ce début de mois d’août, de premières détections de virus West Nile (ou virus du Nil occidental, en français) sur leur territoire. Cette maladie virale, transmise à l’homme par les moustiques, est sans danger dans la grande majorité des cas mais peut, de manière plus rare, engendrer des complications neurologiques. Libération vous partage tout ce qu’il y a à savoir sur ce virus à surveiller.
D’où sort ce virus ?
Le virus du Nil occidental ne date pas d’hier. Détecté pour la première fois en 1937 dans le district de West Nile en Ouganda (d’où son nom), il s’est répandu peu à peu partout dans le monde, y compris en France au début des années 60. En veilleuse pendant quarante ans sur le territoire français, le virus est ensuite réapparu en infectant une centaine de chevaux en Camargue en 2000, puis sept personnes en 2003 dans le Var. Rien à voir avec les Etats-Unis, qui ont connu de véritables épidémies à partir de 1999, tuant des centaines de personnes. D’après l’institut Pasteur, il est considéré aujourd’hui «comme le flavivirus [virus principalement transmis par les moustiques, ndlr] le plus répandu après celui de la dengue».
Où est-il réapparu en France ?
En Guadeloupe d’abord. Son agence régionale de santé a annoncé, mercredi 7 août, avoir été «informée de la détection du premier cas humain d’infection par le virus West Nile sur son territoire». Un homme, en séjour en Guadeloupe, a été «contaminé par la piqûre de moustiques porteurs de la maladie» et est «actuellement pris en charge à l’hôpital». Le 28 juin, le virus a également été détecté chez deux chevaux dans le département d’outre-mer.
Dans le Var ensuite. L’ARS de la région Paca a fait savoir, lundi 12 août, que trois cas d’infection avaient été identifiés à Ollioules, Six-Fours-les-Plages et à La Seyne-sur-Mer, près de Toulon. Un cheval a également été infecté sur la même période, à nouveau à Six-Fours-les-Plages.
Comment se transmet-il ?
Par les moustiques, et plus particulièrement l’espèce Culex, très présente en France. Sauf que pour une fois, les bestioles ne font pas exprès. Seuls les oiseaux et les moustiques se contaminent mutuellement, l’homme et le cheval étant des «hôtes accidentels». Nous ne transmettons pas le virus à un moustique sain s’il nous pique. «Il n’y a pas de transmission du virus d’homme à homme (ou du cheval à l’homme) via le moustique», développe l’ARS Paca. Ce qui limite les dégâts.
📰[Communiqué de presse]
— ARS Paca (@ARSPaca) August 12, 2024
ℹ️3 cas d'infection à virus West Nile identifiés dans le @Departement_Var
✅Qu'est ce que l'infection à virus West Nile ?
✅Quels sont les symptômes ?
✅Comment se protéger ?
Toutes les réponses ici 👇https://t.co/CY7ju8PNAh pic.twitter.com/obwhSYE1kY
L’infection est avant tout saisonnière en France métropolitaine, c’est-à-dire de juin à fin novembre, lorsque les moustiques viennent nous embêter la nuit. Dans son dossier thématique, Santé publique France précise également que ce virus peut être transmis, «plus rarement, par les produits d’origine humaine : transfusion sanguine et transplantation d’organes, de tissus ou de cellules. Des cas de transmission de la mère à l’enfant durant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement ont également été décrits».
Quels risques pour la santé ?
Dans 80 % des cas, il n’y a aucun symptôme. Pour les 20 % restants, il s’agit d’un «syndrome pseudo-grippal», avec l’apparition brutale de fièvre, des maux de tête, des douleurs articulaires et musculaires, voire une éruption cutanée.
Le virus du Nil occidental peut être à l’origine d’atteintes neurologiques sévères, ce qui en fait sa gravité. «Il s’agit de formes neuro-invasives se manifestant par une méningite, une méningo-encéphalite, une paralysie flasque ou un syndrome de Guillain-Barré», développe Santé publique France. Aux symptômes grippaux s’ajoutent des troubles du comportement ou des propos incohérents. Ces complications neurologiques peuvent entraîner «des séquelles et même être mortelles», principalement chez «les adultes séniors», précise l’institut Pasteur. Mais elles surviennent dans moins de 1 % des cas et généralement, le malade récupère spontanément.
Le cheval, lui, est vulnérable au virus du Nil occidental. L’infection cause, d’après l’institut Pasteur, «une fièvre, une encéphalomyélite [maladie inflammatoire rare touchant le système nerveux central] et une paralysie des membres postérieurs, avec un taux de mortalité conséquent».
Comment endiguer le phénomène ?
Il n’existe pas de vaccin ni de traitement spécifique contre le virus du Nil occidental. Seuls les symptômes sont soignés, à l’image d’une grippe. Pour éviter d’être infecté, la prévention se limite à se protéger des piqures de moustiques. Les différents organismes de santé les listent tels quels : utiliser des répulsifs, porter des vêtements couvrants (notamment en soirée), utiliser des moustiquaires ou encore éliminer les eaux stagnantes, propices au développement des moustiques.
L’ARS Paca a mené, de son côté, une enquête, afin d’identifier les lieux possibles de contamination et de prolifération de moustiques Culex, de concert avec l’Entente interdépartemental de démoustication Méditerranée. L’agence de santé s’est attelée à sensibiliser «les établissements et les professionnels de santé du secteur à l’identification et au dépistage de tout cas suspect» et à sécuriser les dons de sang et d’organes dans le Var.