13 h 30, le téléphone sonne. Dominique décroche : «Suicide écoute, bonjour.» Du combiné laissé en haut-parleur, elle n’obtient pour réponse qu’un long silence. Puis une voix de femme, lente, fatiguée, se fait péniblement entendre : «J’ai envie de parler, madame. Mais des fois, ça ne veut pas sortir.» Accoudée à un bureau d’un petit local parisien en cette matinée d’août, le regard dans le vide, Dominique écoute patiemment. Elle laisse la personne se confier, en tripotant un stylo avec ses doigts. Petit à petit, l’appelante lui raconte ses problèmes de santé, sa peur, ses difficultés de sommeil. Elle confie être affaiblie, «très angoissée», et conclut la moindre de ses phrases par «madame». Son discours est confus, difficile à suivre.
Dominique prend quelques notes, tente de la rassurer, finit parfois, après des blancs interminables, par poser une ou deux questions. L’appel se termine. Au bout du fil, la jeune retraitée aux yeux bleus perçants explique avoir reconnu «une habituée», qui «appelle très souvent et se répète un peu» : «Elle se trouve toujours un nouveau facteur de stress. Appeler ici, même si on ne lui donne pas vraiment de conseils, ça lui fait du bien, ça la rassure un peu.»
A peine a-t-elle raccroché que le téléphone sonne à nouveau. Une dame lui raconte que son fils veut mettre fin à ses jours. S’ensuit une autre qui raconte en avoir «un petit peu marre, de la vie, de tout». Puis un homme, «alcoolique» <