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Addiction

Prix du paquet, espaces sans cigarettes, interdiction des puffs… le gouvernement dévoile son nouveau plan contre le tabac

Le ministre de la Santé a présenté ce mardi 28 novembre le nouveau programme de lutte contre le tabac. Objectif : prévenir le tabagisme des plus jeunes, et mieux accompagner vers l’arrêt de la cigarette.
A la terrasse d'un café à Toulouse, en mars 2020. (Adrien Nowak /Hans Lucas. AFP)
publié le 28 novembre 2023 à 15h29

«Le sans-tabac sera désormais la norme.» Face à la presse, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, a présenté ce mardi 28 novembre le nouveau programme national de lutte contre le tabac (PNLT) 2023-2027. L’enjeu est de taille : avec 12 millions de fumeurs quotidiens, soit un quart des 18-75 ans, la prévalence du tabac est très élevée en France.

L’objectif affiché par le ministre est notamment de prévenir l’entrée dans le tabagisme, en particulier chez les plus jeunes, afin de «relever le défi d’une génération débarrassée du tabac dès 2032». Ainsi qu’améliorer l’accompagnement des fumeurs - surtout les plus modestes - vers l’arrêt du tabac. Le plan s’appuie sur deux axes : «le renforcement de la fiscalité et les interdictions entourant le tabac». En voici les principales mesures.

Le paquet de cigarettes coûtera au moins 13 euros d’ici 2027

La hausse du prix du tabac était attendue, «mesure la plus efficace contre le tabac, selon l’OMS et toutes les études indépendantes sur le sujet», a insisté Aurélien Rousseau. Restait à savoir son ampleur. Elle sera progressive, pour atteindre 13 euros minimum courant 2026 - avec une première étape à 12 euros en 2025. Une augmentation située entre 10 et 20 %, de nombreuses marques atteignant déjà 11 euros. Le prix du paquet va même augmenter dès janvier 2024 de 40 à 50 centimes, selon les estimations de la Confédération des buralistes. Cette nouvelle hausse des prix des paquets a été calculée sur la base de l’augmentation prévue de l’inflation, comme voté au Parlement en 2022.

Pour réduire l’attractivité du tabac, le gouvernement compte aussi étendre le principe du paquet neutre - sans logo - à tous les produits de tabac et de vapotage.

Interdiction des «puffs»

Autre mesure attendue, qui cible plus précisément le tabagisme chez les plus jeunes : l’interdiction des puffs. Car ces petites vapoteuses colorées jetables, aux saveurs sucrées ou fruitées, sont régulièrement dénoncées comme une porte d’entrée dans le tabagisme. L’interdiction passera par un vote au Palais Bourbon : une «proposition de loi transpartisane» est examinée ce mardi par la Commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, avant de passer dans l’hémicycle le 4 décembre. L’entourage du ministre table sur une interdiction effective en septembre prochain au plus tard.

Espaces sans tabacs dans les parcs, plages et devant les établissements

Pour «débanaliser» la cigarette, le gouvernement reprend une initiative venue du milieu associatif : généraliser les espaces sans tabacs. Autrement dit, fumer sera interdit sur toutes les plages, parcs publics, forêts, et aux abords de certains lieux publics, notamment les établissements scolaires. «Les espaces sans tabac - déjà plus de 7 200 à travers plus de 73 départements - sont avant tout le résultat d’un mouvement impulsé localement par les communes. Nous renversons la responsabilité et fixons ce principe qui devient la règle.» Comme pour les tarifs, les interdictions d’espaces publics seront instaurés par «des décrets au premier trimestre 2024» .

Les pharmaciens autorisés à prescrire les traitements de substitution

Côté prévention, le gouvernement s’est aussi penché sur l’accompagnement des fumeurs vers l’arrêt du tabac. Il veut notamment instaurer le nouveau dispositif «Mon bilan prévention» aux «âges clés de la vie», pour «systématiser le repérage du tabagisme». Les pharmaciens pourront désormais prescrire les traitements de substitution nicotinique.

Les différents acteurs de l’économie du tabac, notamment les buralistes, seront accompagnés «dans une nécessaire transition pour transformer leur métier». Le versement d’aides de l’Etat sera conditionné à des objectifs de santé publique, comme le respect de l’interdiction de vente aux mineurs - en 2021, 64 % des buralistes continuaient de vendre du tabac à des mineurs de 17 ans, selon une étude du Comité national contre le tabagisme.

Avec 75 000 morts par an, le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France. «Si, dans quelques années, ce terrible chiffre de 200 morts par jour liés au tabac a baissé de 10, 20 ou 50, alors on pourra dire que c’était une bonne décision», appuie Aurélien Rousseau.