Ecouteurs, poupées en plastique, baskets lumineuses, sèche-cheveux, tapis de yoga… il n’est pas impossible que ces objets se retrouvent emballés sous un sapin décoré d’ici deux semaines. Des produits qui pourraient en revanche s’avérer toxiques et non conformes à la réglementation européenne. C’est en tout cas ce que souligne le rapport de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa), publié mercredi 13 décembre. 20 % des produits de grande consommation, contrôlés en 2022 au cours des inspections des douanes et services de répression des fraudes, n’étaient pas conformes aux réglementations européennes. En clair, ils auraient dû être interdits à cause d’une concentration trop élevée de substances chimiques reconnues toxiques.
Rassurons ceux qui se creusent les méninges pour trouver les cadeaux idéaux : les travaux menés par l’Agence ne signifient pas que 20 % de l’ensemble des produits vendus en magasins sont dangereux. «La sélection des produits dans ce projet n’a pas été faite au hasard […] et les résultats ne représentent pas une vue d’ensemble de tous les produits disponibles sur le marché», nuance l’Agence. Des mesures ont aussi permis de retirer 85 % des produits jugés trop dangereux. Mais tout de même. Sur les quelque 2 000 objets analysés dans 26 pays européens, un sur cinq n’était pas conforme à la réglementation - pourtant régulièrement pointée du doigt comme étant insuffisante.
Du plomb dans les soudures
Les objets électriques arrivent en première ligne : plus de la moitié (52 %) de ceux analysés devraient être interdits à cause des substances toxiques qu’ils contiennent. Il s’agit aussi bien de chargeurs (56 % d’entre eux) que de câbles et écouteurs (30 %), et même de sèche-cheveux. La totalité des chaussures lumineuses testées - ces baskets qui ont un temps fait fureur chez les enfants - ne sont pas conformes.
Les jouets électriques forment aussi une large part de ce groupe. «Dans 35 jouets électriques, il y avait une quantité excessive de plomb», notent les auteurs du rapport. Le plomb se trouve principalement dans les soudures. Il est particulièrement dangereux pour les jeunes enfants et femmes enceintes, peut provoquer des anémies, troubles digestifs voire des atteintes nerveuses irréversibles à haute dose.
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Les jeux électriques ne sont pas les seuls jouets dans la liste rouge. Il y a aussi des poupées et figurines en plastique, jouets de bricolage, canards et autres joujoux qui flottent dans l’eau du bain… et même le slime, une pâte visqueuse. Près d’un quart de ces produits destinés aux enfants n’étaient pas conformes aux seuils fixés. Le plastique souple qui les constitue, au moins en partie, est souvent la cause de ces mauvais résultats, car il contient des «niveaux excessifs de phtalates», ces substances chimiques largement utilisées par les industriels pour assouplir le plastique, le rendre plus durable. Et qui sont considérées comme des perturbateurs endocriniens.
Ces mêmes produits toxiques ont aussi été retrouvés dans une autre catégorie d’objets : les articles de sport. Des tapis de yoga, poignées ou gants de vélo et des balles notamment. Là aussi, le plastique souple qu’ils contiennent est en cause, composé d’un excès de phtalates et de «paraffines chlorées à chaîne courtes», substances cancérigènes. Les pièces en caoutchouc sont aussi trop imprégnées de HAP (constituants naturels du charbon et du pétrole, certains reconnus cancérogènes avérés ou probables).
Du côté de la mode sont concernés des sacs (la grande majorité contient des niveaux trop élevés de phtalates), quelques ceintures, des chaussures et des vêtements. Près d’un quart des bijoux testés contenait trop de plomb et de cadmium - métal cancérogène, en cause dans l’explosion des cancers du pancréas. Cette dernière substance est d’ailleurs aussi retrouvée en excès dans les circuits imprimés de jouets et autres produits électriques.
Sanctions peu nombreuses
L’institution recommande aux Etats membres et à l’Union européenne de multiplier et renforcer les contrôles sur ces produits. Quant aux entreprises, elle les exhorte à «être attentives et sensibilisées aux obligations légales» en «vérifiant régulièrement la conformité des produits». Encore faut-il que les sanctions soient suffisamment incitatrices : plus de la moitié des entreprises concernées n’ont pas été sanctionnées après le constat des infractions. Seules 18 % d’entre elles ont engendré des amendes, 13 % des plaintes ou ouvertures d’enquêtes judiciaires.
Le rapport nous en dit enfin un peu plus sur la provenance de ces objets en infraction. La majorité d’entre elles proviennent d’objets fabriqués en dehors de l’espace économique européen, principalement la Chine : 22 % des objets fabriqués hors Europe contenaient des taux excessifs de substances toxiques, contre 8 % pour ceux venant de l’espace européen. Et l’Agence des produits chimiques de préconiser à la Commission de «contacter les pays hors espace économique européen» afin de les sensibiliser à cette problématique.