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Libération
Journal d'épidémie

Le Mont Valérien profané : «C’est parce qu’on peut hurler librement à la dictature qu’on n’y est pas»

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Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour «Libé», il tient la chronique régulière d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus. Aujourd’hui, il donne la parole au colonel Michel Goya, qui dénonce «les médiocres» venus salir le mur du Mont Valérien et les hommes dont les noms y sont inscrits.
Emmanuel Macron au Mont Valérien, le 18 juin. (Romain Gaillard/Sipa)
publié le 17 décembre 2021 à 7h30

Au tout début de la pandémie, en mars 2020, quand à l’hôpital comme en ville nous ne savions rien de ce qui nous attendait, et que nous redoutions le pire en apprenant les premiers décès de soignants, d’abord en Chine puis parmi nous en France, je me souviens avoir échangé avec quelques collègues. Je me souviens que l’un d’entre eux m’avait dit : «On va être en première ligne. Je ne me pose pas la question d’esquiver, de fermer, de faire le dos rond. C’est ce pour quoi nous avons été formés. C’est notre métier. Mais je t’avoue que j’ai peur. Peur de cette maladie. En quatre heures les gens s’aggravent. Ils sont embarqués aux urgences et quatre heures plus tard on les intube. C’est ça qui me fait peur, être contaminé au cabinet, et partir un jour en urgence à l’hôpital, ne pas pouvoir dire au revoir aux miens et mourir sans jamais les avoir revus

Entendant ces mots que je n’osais formuler, j’ai immédiatement songé au colonel Michel Goya, militaire, et auteur d’un livre qui m’avait particulièrement frappé