Après deux ans de bataille en France, la puff est officiellement interdite. Le Journal officiel a entériné mardi 25 février l’interdiction, votée définitivement au Sénat le 13 février. «Sont interdites la détention en vue de la vente, de la distribution ou de l’offre à titre gratuit, la mise en vente, la vente, la distribution ou l’offre à titre gratuit des dispositifs électroniques de vapotage [...] qui sont préremplis avec un liquide et ne peuvent être remplis à nouveau, qu’ils disposent ou non d’une batterie rechargeable. Cette interdiction ne s’applique pas aux cartouches», indique le texte de la loi.
Un peu moins de deux semaines plus tôt, les parlementaires avaient décidé d’interdire les puffs, ces cigarettes électroniques jetables en vogue depuis des années, notamment chez les jeunes qui sont friands de leur prix modique et leurs arômes diversifiés. Sénat et Assemblée nationale s’étaient accordés sur un texte d’interdiction de compromis, ouvrant la voie à une entrée en vigueur rapide.
Les puffs devraient donc logiquement disparaître des lycées, des collèges, des rues et on l’espère des caniveaux. La France devient ainsi le deuxième pays européen, après la Belgique, à interdire la commercialisation des «puffs» sur son territoire, une dynamique également suivie par le Royaume-Uni qui a annoncé leur interdiction à la vente d’ici au mois de juin.
Décryptage
Dans le détail, la loi interdit désormais la vente et la distribution en France des dispositifs «préremplis avec un liquide et ne pouvant être remplis à nouveau, qu’ils disposent ou non d’une batterie rechargeable». Cette rédaction vise à suivre les recommandations de la Commission européenne, notifiée au printemps par le gouvernement de cette volonté législative. La Commission a donné son accord sur l’essentiel des propositions de la France, en excluant néanmoins le cas de dispositifs qui seraient rechargeables en liquide, mais dont la batterie ne serait, elle, pas rechargeable.
«C’est une grande victoire dans un double combat que nous menions : le combat écologique contre les batteries polluantes en lithium de ces “puffs”, et le combat sanitaire pour nos collégiens ciblés par cette consommation qui devient de plus en plus dangereuse», avait salué l’auteure du texte, Francesca Pasquini, avant le vote des sénateurs. «Grâce à cet engagement collectif, nous faisons un pas décisif pour protéger nos jeunes, lutter contre les addictions et combattre le tabagisme», s’était réjoui pour sa part le ministre de la Santé Yannick Neuder lors de l’adoption définitive par l’Assemblée nationale au début du mois.
Tout en saluant une «décision importante sur le plan de la santé publique et de l’environnement», le Comité national contre le tabagisme (CNCT) s’était inquiété de «contournements déjà anticipés par les fabricants qui continuent à mettre sur le marché des cigarettes électroniques ciblant les jeunes par la multiplicité de leurs arômes et qui demeurent jetables à l’issue d’un nombre très limité de recharge».
Contrecarrer «l’inventivité» des industriels
Parfum menthe, glace à la fraise, pastèque ou chocolat, emballage attrayant, coût abordable, allant de 8 à 12 euros pour 500 bouffées, mais risque avéré de dépendance… L’objet en question a été inventé aux Etats-Unis par deux Californiens désireux de créer une cigarette électronique qui n’aurait pas besoin d’être rechargée. Profitant de l’interdiction des vapoteuses de la marque Juul, ex-leader du business des vapoteuses, le dispositif jetable baptisé «puff bar» a repris un marché laissé vacant.
15 % des adolescents âgés de 13 à 16 ans disent avoir déjà consommé ces «puffs» et, parmi eux, 47 % déclarent avoir commencé leur initiation à la nicotine par ce biais, selon une enquête BVA pour Alliance contre le tabac en 2023. Les parlementaires engagés dans cette loi ont également appelé le gouvernement à tenir ses engagements sur l’interdiction prochaine d’un autre produit, les «pouches», ces sachets de nicotine à usage oral.
Mise à jour le 25 février avec l’entrée en vigueur de l’interdiction