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Libération
Journal d'un système de santé en crise

Quand surpopulation carcérale et freins à l’accès aux soins se conjuguent

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Journal d'épidémie, par Christian Lehmanndossier
Christian Lehmann est médecin et écrivain. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société touchée par les crises sanitaires et du service public.
Maison d'arrêt de Nîmes, dans le Gard, le 24 juillet 2025. (Gabriel Bouys/AFP)
publié le 31 juillet 2025 à 7h40

La surpopulation carcérale atteint de tels niveaux que, depuis plusieurs mois, les acteurs de terrain – directeurs de prison, surveillants pénitentiaires, magistrats et Observatoire international des prisons – alertent sur le caractère insoutenable de la situation, encore aggravée cet été par la canicule. Coup de projecteur a été donné avec la mise en demeure par le juge des référés du tribunal administratif de Toulouse, enjoignant l’Etat de prendre douze mesures concrètes et immédiates. Parmi lesquelles «la protection des personnes vulnérables, l’amélioration de l’hygiène et de la propreté», pour remédier à l’indignité des conditions de détention au centre pénitentiaire de Toulouse-Seysses. Mais concernant les questions de santé, sur le plan national, la dégradation s’est installée…

Nous avons interrogé deux médecins qui travaillent tous deux en milieu carcéral et posent le même diagnostic.

Anne Lécu, 57 ans, est médecin dans un établissement pénitentiaire d’Ile-de-France depuis 1997 et membre du bureau de l’Association des professionnels de santé exerçant en prison, co-directrice d’un ouvrage collectif, Les soins en prison : quelle réalité derrière les murs ? (Hygée éd, 2024.) : «Améliorer la prise en charge sanitaire des personnes les plus vulnérables permet d’améliorer la santé de tous. Cette notion est une des plus importantes de la santé publique et de la protection sociale française. C’est aussi elle qui a présidé à une réforme majeure, il y a plus de