Fini la mode des open spaces lumineux et chaleureux où chacun entend le moindre bruit occasionné par ses collègues ? Plus de six actifs sur dix (62%) se disent gênés par le bruit sur leur lieu de travail, une proportion en hausse de dix points en un an, selon une étude de l’Ifop réalisée pour l’Association nationale de l’audition. Selon ce baromètre, publié ce jeudi 3 octobre, cette gêne touche toutes les classes d’âge : 64% des moins de 35 ans, 63% des 35-49 ans et 59% pour les 50 ans et plus.
Quels métiers sont les plus concernés ?
Presque trois quarts (74%) des personnes qui travaillent en open space sur un poste attitré sont touchés par les nuisances sonores. Derrière elles, les personnes qui travaillent en atelier, en usine ou sur des chantiers sont 71% à exprimer leur inconfort. Et si le travail sur site est davantage source de gêne (63%), le télétravail ne protège pas non plus les actifs, qui sont 56% à évoquer une gêne.
D’autant plus que l’organisation de travail la plus inconfortable est la combinaison des deux pratiques, télétravail et présence sur site, avec 64% de personnes gênées. Pourtant, 45% des cadres se disent prêts à démissionner s’ils ne pouvaient pas télétravailler… Chez soi, d’autres bruits que ceux des discussions de nos collègues peuvent faire irruption : la présence d’un conjoint ou d’un colocataire – possiblement aussi en télétravail –, de voisins, d’enfants ou encore d’animaux peu contrôlables.
Par secteur, le BTP est largement en tête (83%) devant l’agriculture et l’industrie (72%), l’administration (62%), les services (58%) et le commerce (55%).
Quels risques pour la santé ?
Parmi les répercussions en termes de santé, les actifs citent en premier la fatigue, la lassitude et l’irritabilité (60%) ressenties. D’autres font état de stress (50%). Ils sont aussi 37% à évoquer une gêne auditive qui aurait des conséquences négatives sur la compréhension. 33% déclarent développer des troubles du sommeil, 32% des acouphènes, sifflements, bourdonnements, 24% de surdité et 22% de l’hypertension.
Extrapolé à l’ensemble des Français en poste, cela représente quelque 9,8 millions de personnes concernées par la gêne auditive, 8,5 millions par des acouphènes et 6,4 millions par des problèmes de surdité, souligne l’étude. Ce qui fait du bruit au travail une question de santé publique importante.
Quelles sont les réponses des employeurs ?
Le sujet est pour l’heure peu pris en compte. Les employeurs reconnaissent que le bruit nécessite des actions de prévention (comme la pose de cloisons ou le coffrage de machines), mais cette priorité «n’apparaît pas au sommet de la pile», juge Romain Bendavid, expert des enjeux de qualité de vie au travail, évoque «un fléau occulté», dans une récente note pour la fondation Jean-Jaurès. Seuls 44% des actifs estiment ainsi que la santé auditive est suffisamment prise en compte par leur employeur, a révélé l’étude Ifop.