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Recrudescence

Rougeole : deux morts et plus de 650 cas depuis janvier, selon Santé publique France

Les chiffres rapportés par l’agence de santé dépassent déjà le bilan de 2024, chiffré à 483. Les personnes hospitalisées étaient majoritairement des nourrissons, jeunes enfants et jeunes adultes.
En métropole, la moitié des cas est concentrée sur dix départements, en particulier le Nord et les Bouches-du-Rhône. (Carlos Sanchez/REUTERS)
publié le 24 juin 2025 à 11h42

Les craintes d’une résurgence de la rougeole, affichées par les autorités sanitaires en début d’année, se confirment par des chiffres plus précis. Entre le 1er janvier et le 31 mai, 658 personnes ont contracté cette maladie ultra-contagieuse en France ; deux en sont mortes. Le total «[dépasse] déjà de plus de 35 % le nombre de cas déclarés en 2024 (483)», a signalé Santé publique France dans son bulletin publié le 23 juin. Sachant que ces données étaient déjà nettement supérieures à l’année précédente.

Le pic épidémique semble avoir été atteint en mars, mais reste à un niveau élevé. En métropole, le Nord (117 cas), les Bouches-du-Rhône (50 cas), l’Isère et la Haute-Savoie (39 cas chacun), l’Hérault (27 cas), Paris (25 cas), la Seine-Saint-Denis (22 cas), le Pas-de-Calais (22 cas), le Val-d’Oise (20 cas) ont concentré plus de la moitié des cas. Aucun cas n’a été rapporté Outre-mer.

Complications dans 30 % des cas

«On prend souvent la rougeole pour une maladie bénigne de l’enfant, à tort. Elle doit être prise au sérieux», insistait en début d’année auprès de Libé Julia Dina, responsable du centre national de référence pour la rougeole, la rubéole et les oreillons. Et pour cause. Si elle doit son nom à ces taches rouges très caractéristique qu’elle provoque sur la peau, la rougeole entraîne aussi de la fièvre, de la toux, du rhume voire une conjonctivite. Et des complications dans 30 % des cas : plus ou moins graves, elles peuvent aller, dans certaines situations plus rares, jusqu’à des atteintes pulmonaires voire neurologiques. Aussi, depuis début janvier, un peu plus d’un tiers des cas ont entraîné un passage aux urgences ou une hospitalisation (dont dix en réanimation), et plus d’un sur 10 a connu une complication, dont une encéphalite. Les personnes hospitalisées étaient majoritairement des nourrissons, jeunes enfants, et jeunes adultes. Les deux morts étaient immunodéprimés - leur âge n’a en revanche pas été communiqué.

Les personnes à risques sont essentiellement les enfants de moins de 1 an, les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes. Et la maladie est surtout très contagieuse : une personne infectée par la rougeole peut en contaminer en moyenne 15 à 20 - quand ce rapport est de six pour un concernant la varicelle. D’où les alertes lancées par les autorités sanitaires françaises début mars, qui appelaient les professionnels de santé à la vigilance.

La vaccination en question

Le retour en force de la rougeole se retrouve dans de nombreux pays, sur fond d’une insuffisante couverture vaccinale. Ainsi, 14 % des cas remontés en France depuis janvier ont été importés, c’est-à-dire contractés un après un séjour à l’étranger (Maroc, Vietnam, Roumanie, Italie, Espagne, Royaume-Uni, Suisse, Algérie, Guinée…) - ce qui va entraîner la contamination des personnes non protégées. Le Centre européen des contrôles des maladies signale lui aussi une résurgence - plus de 22 000 cas ont été signalés entre le 1er mai 2024 et le 30 avril 2025 dans 30 pays européens. Les Etats-Unis sont un autre exemple frappant : plus de 1 000 malades y ont été recensés depuis le début de l’année, la pire épidémie en «probablement 30 ans» déclarait début mai auprès de l’AFP le pédiatre infectiologue étasunien Paul Offit, jugeant le nombre de cas réels potentiellement «proche de 3 000, voire plus». Et pourtant, la maladie avait été officiellement déclarée éradiquée sur le sol américain il y a 25 ans, grâce aux vaccins.

Santé publique France en appelle donc à un «renforcement d’actions de rattrapage vaccinal», «crucial en cette période». Car sur l’ensemble des cas depuis début janvier pour lesquels la vaccination était recommandée (personnes de plus d’un an et nées après 1980) et dont le statut vaccinal était connu, un peu plus de 70 % étaient non vaccinés ou alors de manière incomplète. Dans l’Hexagone, en 2022, 92,8 % des enfants de 24 mois avaient une couverture vaccinale complète - les données sont plus vieilles pour les plus âgés. Couverture correcte. Mais tout de même inférieure au seuil des 95 % recommand2 par l’OMS pour éviter sa propagation.