Une flambée de rougeole. Entre janvier et avril 2025, la France a enregistré 427 cas de cette maladie très contagieuse ayant également fait un mort, selon un bilan de Santé publique France publié ce mardi 29 avril. En quatre mois, la maladie a ainsi quasiment autant circulé que sur la totalité de l’année 2024, où 483 cas avaient été déclarés. L’année dernière marquait déjà une recrudescence significative de la rougeole en France, avec quatre fois plus de cas qu’en 2023.
«Du 1er janvier au 13 avril 2025, 427 cas de rougeole ont été déclarés aux Agences régionales de santé», écrit l’agence nationale de santé publique, précisant que les nourrissons de moins d’un an et les enfants de 1 à 4 ans sont les plus concernés. 60 départements métropolitains ont été touchés, avec au moins un cas recensé. En revanche, cette contamination se limite à l’Hexagone, aucun territoire d’Outre-mer n’ayant été affecté.
Décryptage
Depuis 2023, une recrudescence des épidémies de rougeole s’observe dans le monde après plusieurs années de baisse de la couverture vaccinale contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR), constatée après la pandémie de Covid-19. Aux Etats-Unis, la maladie très contagieuse qui avait été éradiquée dans le pays en 2000 circule à nouveau activement depuis quelques mois. Deux enfants sont morts depuis le début de l’année.
Un signalement indispensable
La France n’est donc pas non plus épargnée. En ce début d’année 2025, la rougeole s’est accentuée : la maladie a entraîné des hospitalisations pour plus d’un tiers des cas (143), surtout pour «les nourrissons et jeunes enfants mais aussi les jeunes adultes», note Santé publique France. Elle a été associée à une complication, principalement de type pneumopathie et une encéphalite, pour 58 personnes. Par ailleurs, «un décès a été rapporté chez un patient adulte immunodéprimé», indique l’agence de santé, qui confirme auprès de Libération qu’il s’agit du premier décès recensé depuis la dernière épidémie, en 2019.
Reportage
Ce bilan provisoire pour 2025 montre que «le signalement des cas de rougeole aux ARS dès leur suspicion, l’identification et les investigations des cas groupés» est «indispensable pour limiter le risque d’apparition de cas groupés, d’installation de chaînes de transmission et de reprise épidémique au cours des prochains mois». En effet, sur 56 cas groupés identifiés, il y a eu 14 foyers épidémiques d’au moins 5 cas, touchant des établissements scolaires, des cercles familiaux, des gens du voyage mais surtout des crèches.
Interruption pendant le Covid-19
Le nombre de cas reste cependant «encore limité par rapport à la moyenne des années antérieures à la pandémie de Covid-19», a noté Santé publique France. En effet, entre 2017 et 2019, la maladie faisait rage, avec près de 3 000 cas déclarés chaque année en France. Mais les importantes restrictions sanitaires pour faire face au coronavirus ont également été bénéfiques pour freiner la transmission virulente de la rougeole. «Confinement […], gestes barrières, port du masque, distanciation physique, couvre-feu…, ont eu un effet sur la circulation des autres agents pathogènes à transmission respiratoire, dont le virus de la rougeole», confirme l’agence nationale à Libération.
L’épidémie est alors totalement interrompue en avril 2020, occasionnant seulement des cas sporadiques (16 en 2021 et 15 cas en 2022). «Cette situation a conduit l’OMS à reconnaître l’interruption de circulation du virus de la rougeole en France pendant une période de 24 mois en 2022 et en 2023», rappelle Santé publique France dans son bulletin de 2024.
Pour aller plus loin
Cette petite flambée de rougeole peut être liée à des lacunes en termes de vaccination, et une reprise de la circulation du virus dans le monde. En 2024, parmi les 300 cas éligibles à la vaccination (âgés d’au moins un an et nés depuis 1980) et au statut vaccinal renseigné, 64 % n’étaient pas vaccinés contre la rougeole, 15 % l’étaient avec une seule dose, 18 % avec deux et 3 % avec un nombre de doses inconnu, détaille l’agence de santé publique française. Début 2025, 68,4 % des personnes ayant attrapé la rougeole n’étaient pas ou incomplètement vaccinés.
29 cas importés du Maroc
En outre, 65 des cas déclarés en ce début 2025 étaient des cas importés, c’est-à-dire quelqu’un ayant effectué un séjour à l’étranger 7 à 18 jours avant l’irruption de la maladie. D’après les données de Santé publique France, les pays d’importation les plus fréquemment rapportés étaient le Maroc (29 cas), la Roumanie, l’Italie, et le Vietnam (5 cas chacun), le Royaume-Uni (4 cas), la Suisse et la Guinée (3 cas chacun). De fait, les cas importés ont bondi (31 en 2023) et dépasseront certainement les 84 recensés en 2024. D’après l’agence, ces chiffres «confirment la reprise de la circulation de la rougeole dans le monde et le risque de réémergence en France s’il est introduit dans des populations insuffisamment protégées».