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Sachets de nicotine ou de tabac : l’Anses alerte sur la hausse des intoxications chez les jeunes

Depuis 2020, le nombre d’appels aux centres antipoison, en particulier concernant les sachets d tabac et de nicotine, «n’a cessé d’augmenter», déplore l’Agence de sécurité sanitaire. La majorité des personnes intoxiquées avaient entre 12 et 17 ans.
Des sachets de nicotine. (James Arthur Gekiere /Belga. AFP)
publié le 30 novembre 2023 à 19h41

Sachets de nicotine, de tabac, billes aromatiques pour cigarettes… les produits de tabac ou ses alternatives se répandent, et intoxiquent de plus en plus. C’est en tout cas l’alerte lancée ce jeudi 30 novembre par l’Anses, l’agence de sécurité sanitaire : le nombre d’appels aux centres antipoison après consommation de sachets de nicotines, Snus (tabac à sucer) et billes aromatiques «n’a cessé d’augmenter depuis 2020». Et de préciser : «Les enfants et les adolescents sont les principales victimes.»

Dans le détail, l’étude de l’Anses consiste en un bilan des appels aux centres antipoison entre début 2017 et fin 2022 concernant la consommation de cinq produits : tabac à chauffer, à mâcher, Snus (sachets de tabac), sachets de nicotine (sans tabac) et billes aromatiques. L’étude de l’Agence se concentre notamment sur des intoxications après consommation de sachets de nicotine ou de Snus. Les jeunes sont particulièrement concernés : la majorité des victimes avaient entre 12 et 17 ans. «Cette consommation était intentionnelle, et pour certaines d’entre elles, signalées par le personnel d’établissements scolaires», ajoute l’étude. Les intoxications ont parfois mené à des syndromes «sévères», entre vomissements prolongés avec risque de déshydratation, convulsions, troubles de la conscience, ou encore hypotension. Et le nombre de cas est «probablement sous-estimé».

Dans le même temps, l’Anses signale «une nouvelle source d’accidents domestiques avec les billes aromatiques». Alors que seulement trois appels avaient été passés aux centres antipoison en 2020, le nombre est monté à 86 en 2022. Insérées dans le filtre de la cigarette, ces billes sont nées d’un détournement de l’interdiction d’arômes pour les clopes ou le tabac à rouler. «Les emballages de ces produits comportent des dessins de fruits aux couleurs vives et ne sont pas munis de fermeture de sécurité», avertit l’Agence, qui plaide pour une présentation moins attractive. Des intoxications d’enfants ont aussi été recensées après l’ingestion accidentelle de tabac à mâcher ou à chauffer. Les cas sont généralement peu graves, mais une dizaine s’est retrouvée à l’hôpital.

Nouveaux produits peu réglementés

«L’émergence rapide des sachets de nicotine sur le marché, rendus très attrayants pour les jeunes, appelle à la vigilance, insiste Cécilia Solal, coordinatrice de l’étude. Il est indispensable de mettre en place un cadre réglementaire pour ces produits qui n’ont pour le moment aucun statut clair et qui ne bénéficient d’aucun contrôle.» La différence est mince entre le Snus - interdit en Europe depuis 1992 sauf en Suède - et les sachets de nicotine. Ces derniers se glissent aussi entre la lèvre et la gencive mais ne contiennent pas de tabac, seulement des fibres de polymères imprégnées de nicotine.

A l’absence de réglementation s’ajoute une publicité importante sur les réseaux sociaux, ciblant précisément les jeunes et rendant ces produits «très attrayants». L’agence exhorte donc de «sensibiliser la communauté éducative, les professionnels de santé et l’entourage des jeunes aux risques» - qui peuvent être immédiats mais aussi engendrer une dépendance à la nicotine sur moyen et long terme. Autre angle mort du nouveau plan antitabac présenté ce mardi par le ministre de la Santé, qui ne faisait pas non plus mention de ces produits de tabac ou de nicotine.