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Reportage

«Sans ça, je n’aurais sans doute jamais revu la mer» : en Normandie, des personnes âgées isolées redécouvrent le parfum des vacances

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Chaque été, les Petits Frères des pauvres organisent une centaine de séjours pour les seniors les plus précaires. A Cabourg, dans la grande maison appartenant à l’association, les journées sont rythmées par les sorties à la plage, les bingos et les nouvelles amitiés.
Marie-Claire, 84 ans, lors de sa sortie à la plage avec une bénévole des Petits Frères des pauvres, à Cabourg (Calvados) le 7 juillet 2025. (Jérémy Appert/Libération)
publié le 12 juillet 2025 à 12h55

Il ne faut pas le dire trop fort. Mais, un jour, Mina a pleuré à cause de Claudine. C’était il y a quelques années, un mois de juillet en Bretagne. Les deux femmes, 68 ans pour la première, 88 pour la seconde, venaient de passer une semaine dans une grande maison de vacances près de la mer. Ciel azur, océan glaz et coquillages de toutes les couleurs. Une fois venu le moment de faire ses valises et rentrer à Paris, Claudine a mis des mots sur ce que son regard embué disait déjà à sa façon : «Voilà, je vais quitter mon paradis pour retourner à l’Ehpad.» Seule, là où les visites se comptent sur les doigts d’une main. Là où elle sort à peine de sa chambre, tant se déplacer avec son fauteuil roulant est une corvée. Là où ses voisins meurent à tour de rôle.

Quand Mina l’a entendue raconter tout cela, des larmes ont roulé sur ses pommettes. Ses parents sont morts depuis longtemps, ses frères sont tous deux restés vivre au Maroc et elle n’a jamais eu personne avec qui partager son appartement. Elle connaît la solitude. Mina sait aussi qu’ils sont nombreux à