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Santé : des chercheurs démontrent que les chirurgiennes américaines opèrent mieux que leurs homologues masculins

Selon une étude publiée mercredi 23 avril, fondée sur les données de l’assurance maladie américaine pour les séniors, les femmes seraient plus soigneuses lors des opérations et prendraient davantage leur temps.
Une opération le 29 novembre 2023. ( Frank Molter/dpa. Getty Images)
publié le 28 avril 2025 à 20h43

Le coup de scalpel d’une chirurgienne serait-il plus sûr que celui d’un chirurgien ? Les patients opérés par des femmes auraient en tout cas moins de risque de mourir sur le long terme, rapporte une étude parue mercredi 23 avril dans la revue médicale Jama (Journal of the American Medical Association). Dans le détail, 3 % des malades passés sur le billard d’un homme sont décédés dans les quatre-vingt-dix jours suivant leur opération. Contre 2,6 % de ceux soignés par une femme.

Pour en arriver à ce résultat, les auteurs de ce rapport - des chercheurs associés à l’université de Californie à Los Angeles (Etats-Unis) ou liés à diverses institutions médicales de la ville - se sont appuyés sur les données de l’assurance maladie américaine pour les séniors, Medicare. Au total, les cas de plus de 2 millions de bénéficiaires ayant fait une demande de remboursement pour une opération entre 2016 et 2019 ont été pris en compte.

Protocoles suivis scrupuleusement

Bien que volumineuse, cette population test comporte toutefois ses propres biais. Pour commencer, elle ne comprend que des malades âgés de plus de 65 ans. Ensuite, elle ne concerne que les Etats-Unis. «Par conséquent, nos recherches pourraient ne pas être généralisables à d’autres populations», préviennent les chercheurs.

Enfin, dans un pays où seuls 24 % des chirurgiens généralistes sont des femmes et où les inégalités de salaires entre genres persistent, certaines variables cachées pourraient ne pas avoir été prises en compte. Par exemple, il est possible que les chirurgiennes en poste se voient attribuer des cas «moins graves» que leurs confrères. Ce qui viendrait alors remettre en question le résultat des auteurs.

En attendant que de nouvelles études complètent leur recherche, les auteurs mettent tout de même sur la table plusieurs hypothèses pour expliquer leur résultat. La première : les chirurgiennes suivraient plus scrupuleusement les protocoles médicaux dans les soins qu’elles prodiguent. Par exemple, une étude publiée en 2008 révélait qu’elles conseillaient plus souvent à leurs patientes atteintes d’un cancer du sein une radiothérapie adjuvante, soit un traitement complémentaire recommandé pour diminuer les risques d’une récidive.

Onze minutes de plus par patient

«Deuxièmement, il est possible que les chirurgiennes communiquent davantage avec les patients et le personnel médical», suppose l’étude. Ce qui permettrait de détecter plus rapidement une complication après l’opération. Enfin, le bistouri à la main, elles seraient plus soigneuses et prendraient plus leur temps. Pour retirer une vésicule biliaire, elles mettraient ainsi en moyenne cent minutes dans le cadre d’une opération programmée. Soit onze de plus que leurs confrères.

Autre découverte du rapport : mieux vaut que les femmes s’opèrent entre elles. A l’inverse des hommes, la «concordance du genre» des patientes avec leur médecin joue un rôle en diminuant leur taux de réadmission ou de complications de quelques dixièmes de points de pourcentage. En l’occurrence, 7,7 % des femmes suivies par un homme doivent repasser par la case hôpital dans les trois mois suivant l’opération. A l’inverse, seules 7,3 % d’entre elles connaissent cette obligation lorsqu’elles sont suivies par une chirurgienne.

«Les patientes peuvent être plus disposées à partager leurs préoccupations et leurs premiers symptômes dus à des complications avec des femmes chirurgiennes», souligne l’étude pour expliquer cette différence. De même, elles se sentiraient plus à l’aise lors des examens physiques, ce qui permettrait une meilleure détection des risques.