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Libération
«Simili-coke»

Sniffy : la France dépose un arrêté auprès de l’Europe pour interdire le produit énergisant vendu sous forme de poudre

Le ministère de la Santé a déposé lundi 3 juin un arrêté demandant la suspension de la mise sur le marché des produits vendus sous forme de poudre, destinés à être consommés par voie nasale. Dans le viseur des autorités le Sniffy, nouveau produit reprenant les codes de la cocaïne.
Une boîte de Sniffy. (DR)
publié le 5 juin 2024 à 9h02

Le gouvernement avait promis d’interdire cette «cochonnerie». Lundi 3 juin, Frédéric Valletoux, ministre délégué auprès de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, a notifié l’Union européenne d’un arrêté. L’objectif : retirer du marché le Sniffy, un nouveau produit énergisant reprenant les codes de la cocaïne. Jusqu’à fournir une paille pour inhaler la substance qui contient un mélange de L-arginine, un acide aminé, de caféine, de L-créatinine, de L-citrulline, de taurine, ou encore de maltodextrine.

«Considérant que ces modalités de consommation et de commercialisation sont de nature à banaliser l’utilisation de ce produit stupéfiant» et «que la voie d’administration intranasale de ces poudres présente un risque avéré, en cas de recours répété, de fragilisation des voies nasales avec des effets délétères associés tels que saignements, congestion, infections des sinus, pouvant aller jusqu’à une rupture du septum, et que les substances actives contenues dans ces poudres sont susceptibles de produire des effets nocifs sur l’épithélium nasal et son environnement», le gouvernement demande à l’Union européenne de se saisir de la question Sniffy.

Ainsi, l’article 1er du texte prévoit la suspension pour une durée d’un an de «la mise sur le marché, à titre gratuit ou onéreux, des produits vendus sous forme de poudre destinés à être consommés par voie intranasale entretenant une confusion avec la consommation de stupéfiants». Le texte stipule également le «retrait des produits mentionnés […] en tous lieux où ils se trouvent et au rappel auprès des consommateurs qui en détiennent. Des mises en garde informant les consommateurs du caractère dangereux des produits mentionnés à l’article premier et les invitant à ne pas les utiliser [devront être] diffusées par les responsables de leur première mise sur le marché».

«Plaisir interdit»

Depuis la fin du mois de mai, ce produit, mis en vente par une entreprise marseillaise qui ironise sur le côté «plaisir interdit» de sa poudre énergisante, fait polémique. Samedi 25 mai, le ministre délégué chargé de la Santé s’en était insurgé. «C’est rageant de voir ce genre de produit proposé à la jeunesse», se désolait le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, au micro de France Info. «J’ai découvert il y a quarante-huit heures cette dernière invention, […] cette cochonnerie que certains veulent vendre. Je vais voir effectivement dans les prochains jours comment on peut interdire ce type de choses.»

«Une poudre blanche qu’on inhale par le nez ? Bien que cela puisse évoquer le plaisir interdit, c’est totalement conforme à la loi», fanfaronne la marque Sniffy sur son site internet. La poudre se décline en plusieurs saveurs et agirait pendant vingt à trente minutes pour un prix de 14,90 euros. L’association Addictions France a fait également part de ses inquiétudes concernant «la banalisation de la cocaïne» et, «circonstance aggravante», des saveurs sucrées qui «attireront les plus jeunes». Un produit également dans le viseur de Jérôme Guedj. Sur le réseau social X, le député socialiste de l’Essonne a affirmé qu’il «travaillait depuis plusieurs semaines» sur une proposition de loi pour «interdire cette simili-coke».

A noter que le gouvernement a pris soin de préciser que cet arrêté ne visait pas les médicaments, les dispositifs médicaux ou les produits du tabac.