Pauline s’est assise à mi-hauteur d’amphi, sur le côté, loin de l’agitation de l’estrade. Deux jours plus tôt, la discrète a découvert l’appel lancé aux soignants par le collectif Egalité Santé (1) de réaffirmer ce jeudi 27 juin à l’université de la Pitié-Salpêtrière leur serment d’Hippocrate, tel un bouclier dressé contre l’extrême droite et ses «politiques discriminatoires». Alors l’infirmière du Samu social de Paris a sauté le pas. «Je n’ai jamais été très militante, explique la jeune femme de 28 ans. Mais la dissolution m’a choquée, je ne l’avais pas anticipée. L’idée du RN au pouvoir est effrayante. Je travaille tous les jours auprès de populations précaires et j’ai peur qu’on m’empêche de continuer. Je veux pouvoir protéger mon éthique médicale. J’ai décidé de me mobiliser pour faire barrage.»
Autour d’elle, les rangs se remplissent peu à peu. Des jeunes beaucoup. En quête de réconfort ou d’espoir. «Jusqu’à présent j’étais un “militant freelance”, admet Loufti, médecin addictologue tout juste trentenaire. J’allais à des manifs et des réunions de temps en temps. Mais je vais corriger cela au plus tôt. L’addictologie, c’est au cœur de la politique tout le temps. On a mis quinze ans à légaliser la méthadone qui sauve pourtant beaucoup de vies. En France, on a toujour