Ce n’est pas un secret : les Français sont de grands consommateurs d’antibiotiques. Mais saviez-vous que leurs animaux le sont aussi ? Pour pallier ce problème, le ministère de l’Agriculture a présenté ce vendredi 17 novembre «Ecoantibio 3», un plan actualisé de réduction de l’exposition des animaux aux antibiotiques. En d’autres termes, les autorités cherchent à réduire l’usage d’antibiotiques chez l’animal pour éviter le développement de bactéries résistantes aux traitements. La particularité de ce programme doté de deux millions d’euros par an ? Il vise seulement les chiens, les chats et les chevaux.
Car contrairement à l’élevage, peu de progrès en matière de consommation d’antibiotiques ont été constatés chez ces animaux ces dernières années. Ce plan est une réponse à des gestes qui ont été adoptés pendant la pandémie de Covid-19. Selon le directeur de l’agence nationale du médicament vétérinaire, Franck Fourès, «les gens se sont rapprochés de leurs animaux de compagnie, et les ont plus soignés» pendant le Covid.
Soigner moins pour aller mieux. Cette volonté s’inscrit dans la continuité du premier plan «Ecoantibio», qui a vu le jour en 2011 et dont les efforts s’étaient notamment concentrés sur les animaux d’élevage, de loin les premiers consommateurs d’antibiotiques en médecine animale. Les résultats, eux, ont été largement concluants : une diminution de moitié de l’exposition des animaux d’élevage aux antibiotiques a été observée entre 2011 et 2022. Plus encore, selon l’Agence de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et de travail (Anses), l’exposition des animaux à ces médicaments a encore diminué de 9 % en 2022. Cette baisse s’explique, entre autres, par l’interdiction récente de nourrir les bêtes avec des aliments contenant des antimicrobiens à titre préventif.
Une baisse de consommation insuffisante
Mais alors quelle est la nécessité de réactualiser ce programme ? En réalité, l’exposition des chiens, des chats et des chevaux aux antibiotiques n’a baissé que de 3 % entre 2011 et 2022, selon Franck Fourès. Des résultats bien moins satisfaisants que ceux des animaux d’élevage. Alors «Ecoantibio 3» vise une baisse de 15 % de l’exposition des chiens et des chats aux antibiotiques. Bien entendu, il n’est pas question de ne pas soigner un animal souffrant d’une maladie bactérienne, mais bien de sensibiliser sur les moyens de prévenir son apparition à travers des meilleures conditions de vie et d’hygiène ou encore la vaccination. Et pour les chevaux ? Le nouveau plan prévoit la création d’un indicateur «robuste» pour «documenter» leur exposition.
A lire aussi
Au-delà de la santé de ces animaux, il s’agit aussi de prévenir des effets sur l’homme. En mars dernier, une étude démontrait que des organismes multirésistants aux antibiotiques pouvaient se transmettre entre humains et animaux domestiques. Chez 400 couples de maîtres et propriétaires testés, les chercheurs ont identifié quatre paires d’organismes multirésistants aux antibiotiques phénotypiquement identiques aux deux populations. S’il reste encore du travail pour prouver la transmission d’organismes multirésistants aux antibiotiques entre humains et animaux, ces résultats inquiètent tout de même. «Bien que le niveau de partage entre les patients hospitalisés et leurs animaux de compagnie dans notre étude soit très faible, les porteurs peuvent excréter des bactéries dans leur environnement pendant des mois, et ils peuvent être une source d’infection pour d’autres personnes plus vulnérables à l’hôpital», souligne l’une des autrices de cette étude, Carolin Hackmann. D’après un rapport commandé par le gouvernement britannique et repris en 2016 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de décès liés à la résistance aux antibiotiques pourrait atteindre les 10 millions par an dans le monde d’ici 2050.