Pour le professeur Vincent Morel, responsable de l’unité soins palliatifs du CHU de Rennes, l’euthanasie médicalement assistée est «une ligne rouge» à ne pas franchir. L’ancien président du comité de pilotage du plan national 2015-2018 de développement des soins palliatifs n’est en revanche pas hostile à l’ouverture d’un débat sur le suicide assisté − où, à la différence de l’euthanasie, la mort est provoquée par le patient, et non par le médecin.
Après l’avis rendu par le Comité national d’éthique, le gouvernement va lancer prochainement une convention citoyenne sur la fin de vie dans la perspective d’une possible évolution de la loi. Vous y êtes favorable ?
Je pense que le débat est aujourd’hui nécessaire. Le périmètre des discussions a changé. Depuis deux ou trois ans, nous voyons émerger un nouveau type de demandes de fin de vie anticipée. Jusque-là, les patients qui posaient la question étaient soit en grande souffrance physique ou psychique, soit terrifiés à l’idée de souffrir, de déchoir, et de ne pas être écoutés s’ils décidaient de stopper les traitements, et nous cherchions avec eux les réponses adéquates. On est confrontés aujourd’hui à une troisième catégorie de personnes qui demandent à anticiper leur mort au nom de l’autonomie et de la liberté. Ils veulent choisir l’instant de leur fin