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Avancée

Strasbourg expérimente pour la première fois un congé pour ses agentes affectées par des symptômes de la ménopause

Depuis le 1er septembre, les 3500 agentes de l’Eurométropole de Strasbourg peuvent bénéficier d’un «congé de santé gynécologique», à savoir 13 jours d’absence exceptionnelle par an pour celles souffrant de douleurs menstruelles, d’endométriose ou de symptômes liés à la ménopause.
(Roses/Andia)
publié le 2 septembre 2024 à 14h31

Une avancée certaine pour la reconnaissance de l’impact que peut avoir la ménopause au travail. Depuis ce 1er septembre, l’Eurométropole de Strasbourg expérimente un «congé de santé gynécologique». Une sorte de congé menstruel étendu : les agentes souffrant de douleurs menstruelles, d’endométriose ou de symptômes liés à leur ménopause pourront disposer 13 jours annuels d’absence exceptionnelle. Une première en France. Car si des congés spéciaux ont commencé à être mis en place dans certaines collectivités et entreprises pour prendre en compte l’impact des règles et de l’endométriose, ce n’était pas le cas pour la ménopause.

«On souhaite que [ce congé] puisse englober d’autres phénomènes liés à la santé gynécologique, comme par exemple les symptômes liés à la ménopause», qui peut provoquer un «manque de sommeil», ou encore «des bouffées de chaleur qui peuvent être littéralement incapacitantes», explique Christelle Wieder, adjointe à la maire écologiste de Strasbourg, en charge des droits des femmes et de l’égalité de genre. Et pour cause : près d’un quart des femmes ménopausées juge leur qualité de vie très impactée par les bouffées de chaleurs, l’un des troubles les plus connus de la ménopause. Et il n’est qu’un symptôme parmi un ensemble que peuvent ressentir les femmes lors de l’arrêt définitif de leurs règles. Ils varient d’une personne à l’autre, durent en moyenne trois à cinq ans mais peuvent s’étendre jusqu’à 10 ans, en particulier pour celles affectées avant que leur ménopause ne soit définitivement installée. Or cette étape de la vie féminine survient autour de 50 ans. Soit, le plus souvent, en plein milieu d’une carrière professionnelle.

Et inutile de préciser que le tabou qui perdure induit le silence de la plupart des salariées concernées, quand bien même leurs conditions de travail sont affectées. «Ce qui est important pour nous, c’est d’envoyer le message à nos 3 500 agentes qu’elles peuvent évidemment avoir une écoute auprès de la médecine du travail et auprès de leur manager», ajoute Christelle Wieder. A Strasbourg, les agentes pourront donc bénéficier de 13 jours annuels de «congé de santé gynécologique», avec un plafond de trois jours consécutifs. Sur présentation d’un certificat médical délivré par un gynécologue ou une sage-femme, valable deux ans. Le fonctionnement de ce congé exceptionnel est similaire aux autorisations spéciales d’absence (ASA), accordées par exemple pour la garde d’un enfant malade.

Aménager les conditions de travail

A ces jours de congé s’ajoute aussi l’instauration de formations destinées notamment aux chefs d’équipe. «Il faut que les managers soient informés de ce que ça signifie d’avoir des règles hémorragiques : ça veut dire aller aux toilettes au minimum toutes les heures, ça veut dire des maux de tête, etc.», poursuit l’adjointe en charge du droit des femmes. Mais l’octroi de quelques jours de répit sont insuffisants sans aménagement des conditions de travail au quotidien n’est fait pour les travailleuses. La collectivité affirme que des réflexions sont aussi en cours sur ce point. Par exemple avec «un accès aux toilettes facilité pour toutes les agentes, parce que toutes n’ont pas un travail de bureau, certaines travaillent dans nos espaces verts ou dans la police municipale», ou encore «plus de souplesse dans le télétravail».

Pour les femmes employées à l’Eurométropole de Strasbourg, «il s’agit d’oser franchir le pas et d’en parler sur le lieu de travail, ce qui n’est pas encore totalement aisé.» Christelle Wieder espère un «effet d’entraînement» de cette mesure «sur d’autres collectivités et peut-être sur la législation nationale». Il faudra peut-être patienter encore un peu pour voir de telles dispositions arriver dans la loi : en février, le Sénat avait rejeté une proposition du groupe socialiste pour instaurer un arrêt maladie spécifique pour les cas de dysménorrhée (douleurs menstruelles). Fin mars, la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale a retoqué l’article d’une proposition de loi écologiste proposant ce même type d’arrêt.