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Sur la santé, Michel Barnier fait du neuf avec du vieux

Gouvernement Bayroudossier
Recyclant des solutions avancées ces dernières années pour lutter contre les déserts médicaux, le Premier ministre a également annoncé un futur programme de volontariat pour les internes en médecine. Quant au projet de loi sur la fin de vie, il ne devrait pas être rediscuté avant 2025.
Michel Barnier à l'Assemblée, le 1er octobre. (Albert Facelly/Libération)
publié le 1er octobre 2024 à 19h15

Impossible pour Michel Barnier de faire l’impasse sur la santé, «au cœur des préoccupations» des Français. Rendant hommage dès les premières lignes de son discours de politique générale, ce mardi 1er octobre, à ces «aides-soignants, infirmiers, médecins» qui «ont toujours moins de temps pour soigner toujours plus de patients», le Premier ministre a réaffirmé son intention de faire de la lutte contre les déserts médicaux une «priorité». Sans nourrir d’illusion sur sa capacité à inverser rapidement la tendance, vu l’effondrement de la démographie médicale. Pour Michel Barnier, il s’agit surtout d’«amplifier l’effort engagé» par ses prédecesseurs pour mobiliser les professionnels de santé «au plus près du terrain».

Toutes les solutions avancées ces deux dernières années sont reconvoquées : déploiement des assistants médicaux, des bus de santé, des maisons pluriprofessionnelles de santé, de la téléconsultation, tout comme la mise en place d’un «cumul favorable emploi-retraite» pour inciter les médecins à poursuivre leur exercice au-delà de l’âge légal. Seule variation : la méthode. Si le chef du gouvernement ambitionne toujours d’envoyer les internes exercer dans les territoires médicalement sous dotés, c’est cette fois sur la base du «volontariat», dans le cadre d’un «programme Hipocrate» encore à définir.

Pour «regagner du temps médical», Barnier mise en outre sur un renforcement des délégations de tâches entre médecins et autres professionnels de santé. Attendue depuis plusieurs mois par les paramédicaux, la loi «infirmières, infirmiers» visant à mieux reconnaître leur expertise et élargir leurs compétences est au programme. Les pharmaciens et les kinésithérapeutes pourraient voir aussi leur rôle élargi dans la prise en charge des patients.

Si Michel Barnier prend clairement ses distances avec son prédécesseur, c’est sur le projet de loi fin de vie ouvrant un droit à l’aide à mourir, torpillé par la dissolution. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet qui a appelé de ses vœux un retour du texte devant les députés «d’ici la fin de l’année» n’a pas été entendue. Sur ce «dossier grave», le Premier ministre joue la prudence. Tout au plus promet-il de rouvrir le «dialogue» l’an prochain. Comme si une convention citoyenne, dix mois de réflexion de l’Elysée et deux mois de discussions parlementaires n’y avait pas déjà largement pourvu.