Eau-de-vie à la poire et cigare au menu ou plutôt deux feuilles de cannabis agrémenté d’un verre de vin naturel ? Le soir du réveillon, après trois verres de schnaps, dans quel état d’esprit vous trouviez-vous ? Et lorsque le dealer vous a vendu ce pochon plein d’ecstasy, étiez-vous rassurés de vous trouver en pleine rue ? Enfin, au moment de consommer, la substance était-elle de bonne facture ? Voici pêle-mêle le genre de questions auxquelles l’étude internationale Global Drug Survey (GDS) vous propose de répondre. Après deux ans d’interruption, cette grande étude mondiale est de retour. Comptez seulement une vingtaine de minutes pour remplir cette enquête qui célèbre cette année ses douze ans d’existence, destinée à toute personne âgée d’au moins 16 ans. Toujours avec l’anonymat garanti.
Protoxyde d’azote et high drugs
«Cette enquête s’intéresse aux drogues, quel que soit leur statut légal. Le tabac, l’alcool mais aussi le cannabis, la cocaïne ou encore l’héroïne. Contrairement aux enquêtes institutionnelles portées par les organismes de recherche, cette enquête fait en sorte que les voix des personnes qui consomment des substances soient prises en compte dans le processus décisionnel politique. Et également afin de connaître leur rapport aux substances ainsi que leurs attentes», développe Marie Jauffret Roustide, sociologue à l’Inserm et coordinatrice pour la France de la Global Drug Survey.
Cette année, l’enquête s’intéresse à la question particulière de l’évolution du prix des substances. Elle se penche également sur l’évolution de la consommation dans des contextes nationaux de dépénalisation ou de légalisation du cannabis principalement. Une série de questions porte sur la consommation de drogues dans le cadre festif, «en lien avec les sociabilités nocturnes», pointe Marie Jauffret Roustide. On y retrouve le cocktail de «high drugs» de type 2C-P, 3-MMC et autres cathinones de synthèse. La 3-MMC, pour 3-méthylméthcathinone, est souvent présentée à tort comme la «nouvelle cocaïne». De plus en plus sniffée par des expérimentateurs avides de soirées technos, la drogue s’est affranchie de la seule pratique du chemsex gay.
Le tabac
L’enquête consacre enfin une importante somme de questions au sujet du tabac, première cause de mortalité évitable en France, mais aussi au phénomène du gaz hilarant ou protoxyde d’azote. En France, 13,7 % des 18-24 ans ont consommé au moins une fois dans leur vie du protoxyde d’azote, contre 2 % a parmi les 35-44 ans et 0,8 % chez les 65-75 ans, selon une étude publiée jeudi 26 octobre par Santé publique France. «C’est un sujet très important chez les jeunes et de manière générale nous avons peu de données sur cette consommation, relève Marie Jauffret Roustide. En France, les chiffres fournis par les centres d’addictovigilance montrent des accidents importants liés à cet usage.» L’enquête internationale est ouverte jusqu’au 30 avril.