En 2023, près d’une personne de 18 à 75 ans interrogée sur trois a déclaré se griller des cigarettes quotidiennement ou de temps en temps auprès de chercheurs de Santé publique France. Une proportion «globalement stable» selon eux, obtenue à partir d’un sondage réalisé auprès de quelque 15 000 personnes. Leur travail a été publié ce mardi 19 novembre. Et confirme que la baisse du tabagisme, interrompue au moment de la crise Covid, n’a pas vraiment repris.
A la fin des années 2010, la consommation de cigarettes avait nettement baissé dans l’Hexagone, dans le sillage d’une décennie de campagnes antitabac. Bonne nouvelle pour la santé publique, alors qu’il est la première cause de mortalité évitable en France, non seulement par cancer mais aussi à cause de troubles cardio-vasculaires. Mais la diminution s’était interrompue en 2020, moment d’une crise sanitaire historique et d’un stress sans doute accru. Cette stagnation perdure, selon les chiffres publiés ce mardi.
Moins de fumeurs quotidiens
Des éléments sont tout de même encourageants : le tabagisme quotidien est à son plus faible niveau depuis que cet indicateur a été mis en place, en 2000. Un peu moins d’un quart des interrogés (23 %) déclarait fumer au moins une cigarette par jour en 2023. Ils étaient 25 % deux ans auparavant. Près de 30 % en 2016, avant que la tendance à la baisse soit amorcée.
Dans le même temps, pourtant, ils sont 8 % à déclarer fumer occasionnellement – proportion en hausse depuis 2021. La vapoteuse continue elle aussi sa progression enregistrée depuis 2016 : 8,3 % des sondés ont déclaré vapoter, 6 % quotidiennement. Possible trace de son utilisation pour aider à l’arrêt de la cigarette – méthode prônée par de nombreux tabacologues, pas encore prouvée scientifiquement. Et si la baisse du tabagisme concerne aussi les classes les moins favorisées socialement, les inégalités sociales «restent très marquées», insistent les auteurs de l’étude.
Lire aussi
Malgré les progrès soulignés, les chiffres du tabagisme français restent élevés par rapport à d’autres pays. Aux Etats-Unis, par exemple, à peine plus d’un Américain sur dix déclare désormais fumer. Certains mettent en place des plans radicaux de lutte, tel le Royaume-Uni, qui envisage d’en interdire la vente à toute personne née à partir de 2009 pour former la première génération sans tabac.
La France a, de son côté, présenté fin 2023 un nouveau plan de lutte contre le tabagisme, qui avait laissé les associations antitabac mitigées. Elles pointaient notamment une hausse insuffisante du prix du paquet de cigarettes, prévu à 13 euros d’ici 2027. Argument semble-t-il peu écouté par le gouvernement actuel, qui a temporisé sur une augmentation du prix l’an prochain.