Le mythe du Français la clope au bec s’effrite. Le tabagisme est «en nette baisse par rapport à 2021», se félicite Santé publique France (SPF) au vu des premiers résultats de son baromètre 2024 publiés mercredi 15 octobre, alors qu’approche le Mois sans tabac, en novembre. Ceci dit, le tabac demeure la première cause de mortalité évitable dans le pays – il tue 75 000 personnes par an, ce qui représente 13 % des décès.
Cigarettes manufacturées ou à rouler, cigares, cigarillos, chicha : 25 % des 18-75 ans ont déclaré fumer l’an dernier dans la France hexagonale, dont 18 % au quotidien. En 2021, ils étaient 32 %, soit près d’une personne sur trois, comme en 2023, selon la vaste enquête, qui guide les politiques publiques de lutte contre le tabagisme. En 2024, la proportion de fumeurs se replie à 24 % (dont 17,4 % au quotidien) en incluant les seniors de 76-79 ans et les départements et territoires d’Outre-mer (sauf Mayotte), SPF ayant élargi le périmètre de son enquête.
Si l’on prend ce dernier chiffre, la prévalence du tabagisme retrouve son niveau de 2019 : elle était alors descendue à 24 % contre 29,4 % en 2016, une baisse d’une ampleur inédite. Puis la crise sanitaire, sociale et économique provoquée par la pandémie de Covid-19 a entraîné une pause, voire fait remonter le tabagisme parmi les catégories populaires, avant qu’il ne recommence à reculer.
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Ainsi «la tendance à la baisse observée depuis 2016, en lien avec la mise en place de plans nationaux de lutte contre le tabagisme» et «interrompue pendant la période de la pandémie de Covid-19, se réinstalle», salue SPF.
Toutefois, les inégalités sociales en matière de tabagisme demeurent très fortes : les fumeurs quotidiens sont deux fois plus nombreux parmi les ouvriers (25,1 %) que chez les cadres (11,8 %). En outre, 13 % des titulaires d’un diplôme supérieur au bac fument au quotidien, contre 20,9 % des non-diplômés ou ayant un diplôme inférieur au bac, et jusqu’à 30 % des personnes «percevant leur situation financière comme difficile».
Ces «fortes inégalités sociales de consommation […] appellent à renforcer (les) actions» de SPF : Mois sans tabac, numéro gratuit 39 89, application Tabac Info Service, kits gratuits d’aide à l’arrêt en pharmacie, a déclaré sa directrice générale Caroline Semaille à la presse.
Un fumeur sur deux souhaite arrêter
En 2024, le tabagisme demeure aussi plus masculin que féminin, quelle que soit la tranche d’âge : il concernait 26,8 % des hommes de 18 à 79 ans, contre 21,5 % des femmes. Il touche aussi moins les jeunes (3 % des 15-16 ans et 18,4 % des 18-29 ans), une catégorie de la population sensible à l’augmentation du prix des cigarettes. C’est «l’une des mesures les plus efficaces» contre le tabagisme, note SPF.
Au niveau géographique, le tabagisme est moins élevé en Île-de-France (14,6 %) et en Auvergne-Rhône-Alpes (16 %) et plus marqué dans le Grand Est (19,8 %), l’Occitanie (20,6 %) et la Provence-Alpes-Côte d’Azur (20,9 %).
Plus d’un fumeur quotidien sur deux (55 %) de 18 à 79 ans a déclaré avoir envie d’arrêter de fumer, selon l’enquête dont les données complètes (incluant le vapotage) seront publiées le 3 décembre. Les ventes de produits d’aide au sevrage tabagique en pharmacie ont d’ailleurs grimpé de 29 % en 2024.