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Libération
Montée au créneau

«Taxe lapin» de 5 euros, aide à la santé mentale : Attal précise ses mesures pour améliorer l’accès aux soins

Santé mentaledossier
Dans une interview à la presse régionale ce samedi 6 avril, le Premier ministre a détaillé les pistes qu’il avait déjà esquissées lors de son discours de politique générale.
Gabriel Attal à l'Assemblée le 3 avril. (Gonzalo Fuentes/Reuters)
publié le 6 avril 2024 à 20h17

En chute dans les sondages de popularité, le Premier ministre, Gabriel Attal, contre-attaque sur un sujet prioritaire pour les Français : l’accès aux soins. Soucieux de démontrer qu’il ne brasse pas du vent, il revient ce samedi 6 avril dans un entretien à la presse régionale sur plusieurs mesures esquissées lors de son discours de politique générale fin janvier. Revue de détail.

Permanence des soins

Gabriel Attal réaffirme son objectif de faire en sorte que tous les Français puissent avoir accès à un professionnel de santé le soir et le week-end à moins de 30 minutes de chez eux. On en est loin puisque, faute de permanence des soins organisée, quelque 4 millions de personnes sont aujourd’hui sans recours médical sur ces plages horaires. Passé minuit, il n’y a plus de médecins de garde dans 29 départements. Même en soirée de semaine, la permanence des soins n’est parfois plus assurée. C’est le cas dans l’Orne, dans certains territoires d’Eure-et-Loir, du Calvados ou de l’Oise.

Si «aucune option n’est définitivement fermée», le Premier ministre exclut pour l’heure de rétablir l’obligation de garde des médecins, chiffon rouge pour la profession. Pour changer la donne et limiter l’afflux de patients aux urgences hospitalières, Attal mise sur l’incitation et la coopération interprofessionnelle. Ainsi, les généralistes qui accepteraient d’aller prendre des gardes dans des départements où la permanence des soins ambulatoire est défaillante pourront prétendre à des indemnités spécifiques. Surtout, pour pallier la baisse du nombre de généralistes, le chef du gouvernement propose que d’autres professionnels de santé, comme les infirmières, les dentistes, ou les sages-femmes puissent participer à la permanence des soins.

Regagner du temps médical

S’il reprend le leitmotiv du chef de l’Etat, Attal peine à innover sur la façon de dégager du temps médical. Les recettes poussées par Macron dès 2022 sont toujours d’actualité : hausse du nombre d’étudiants en médecine, aide au recrutement d’assistants médicaux, élargissement des professions de santé autorisées à prescrire des antibiotiques ou à vacciner, recours accru aux praticiens diplômés hors Union européenne (2 700 en 2024) etc. Les difficultés d’accès aux soins ne cessant malgré tout d’augmenter, le Premier ministre décide d’explorer une nouvelle voie, qui ne manquera pas de faire réagir les médecins. A titre expérimental, dans un département par région, les patients pourront d’ici l’été déroger au parcours de soins classique et consulter directement un spécialiste sans avoir vu au préalable un généraliste.

Responsabiliser les patients

Comme il l’avait indiqué lors de son discours de politique générale, le Premier ministre réaffirme sa volonté d’instaurer une «taxe lapin». Ainsi, un patient qui ne se rendrait pas un rendez-vous médical et qui ne l’aurait pas annulé au moins 24 heures avant serait passible d’une pénalité de 5 euros si le médecin le décide. La proposition de loi nécessaire pour permettre ce prélèvement devrait être adoptée avant janvier 2025, selon l’entourage d’Attal.

Aide à la santé mentale

Comme annoncé, Gabriel Attal a retravaillé le dispositif «Mon soutien psy», crée en 2021 pour aider les jeunes à surmonter le traumatisme de la crise sanitaire. Pour cause, son bilan est pour le moins mitigé : trop complexe pour les jeunes, et insuffisamment attractif pour les psychologues finalement peu nombreux à y participer. Pour atteindre son public, Matignon simplifie et revalorise. Ainsi, il ne sera plus nécessaire d’avoir l’aval préalable d’un généraliste pour avoir accès au dispositif. D’autre part, les psychologues qui s’inscriront sur la plateforme verront leur consultation portée de 30 euros à 50 euros.

Pour éviter que les 30 % du coût de la consultation non pris en charge par la Sécu ne dissuadent les jeunes, le gouvernement va demander aux complémentaires santé de couvrir en totalité le reste à charge. Enfin, pour maximiser l’efficience de l’aide sur les troubles modérés, le nombre de consultations remboursées devrait passer de 8 à 12 par an. Matignon promet des annonces complémentaires sur la santé mentale d’ici la fin du printemps.