Depuis trois jours, Sylvie (1) enchaîne les allers-retours entre son domicile d’une ville aisée de banlieue parisienne et l’hôpital Robert-Debré, dans le nord-est de Paris, où sa fille Marie (1), âgée d’une quinzaine d’années, est hospitalisée. «Toute la semaine dernière, j’étais à ses côtés, raconte-t-elle d’une voix fatiguée, lundi matin, dans un bureau de l’hôpital, à l’abri des yeux et des oreilles de son enfant. Vendredi, je me suis absentée brièvement. Quand je suis rentrée, je l’ai retrouvée sur son lit, une boîte de Xanax à la main. Elle avait déjà pris trois cachets et elle comptait en reprendre. Tout ce qu’elle me disait c’est : “Je veux en finir.”»
L’histoire de sa fille, Sylvie l’a racontée «une bonne dizaine de fois» depuis le début du week-end, aux infirmiers et médecins des urgences pédiatriques qui se sont succédé au gré de leurs gardes. Il y a encore quelques mois, Marie allait relativement bien. Le premier confinement, au printemps 2020, avait certes laissé quelques traces : l’adolescente avait un temps demandé à voir une psychologue, mais son état n’était pas particulièrement préoccupant.
«On n’imaginait pas en arriver là»
«Depuis sa rentrée en septembre, dans un lycée super élitiste, elle a commencé à aller mal. Elle n’avait pas d’amis et ne se sentait pas à sa place. Et puis en novembre, les crises d’angoisses ont débuté, retrace Sylvie, pesant chaque mot pour ne pas se laisser submerger par l’émotion. C’est à ce moment-là qu’elle a commencé à nous dire qu’ell