«Je suis bientôt à toi.» Céline Lebouc referme à peine la porte après son premier rendez-vous du lundi matin. A l’extérieur, Juliette (1) attend sans un bruit : la collégienne est là pour un «point» avec l’infirmière scolaire de son établissement de Seine-Maritime, après une crise de larmes la semaine passée. Avant de l’examiner, la soignante, cheveux bruns attachés en un chignon, s’active. Le couinement de ses sandales noires rythme le va-et-vient incessant entre son bureau et son armoire à pharmacie. Dès son arrivée au collège, vers 8 h 45, les visages un peu pâles se succèdent – il en passe généralement une trentaine par jour. Vient enfin le tour de Juliette. Passent les questions sur son anxiété, puis les contrôles de vue, poids, taille, entrecoupés d’un peu d’humour pour détendre l’adolescente. Le téléphone les interrompt. Un élève «fragile» a disparu : tant pis pour l’entretien avec Juliette, elle le poursuivra après la récré et en décalera un autre avant midi. Et la voilà qui galope dans les couloirs et les escaliers.
«Tous les jours, c’est la course permanente», souffle la Normande en réajustant ses lunettes arrondies. Le collégien a été retrouvé. Une énième semaine surchargée commence et les chaleurs de juin ne vont pas la calmer. Il semble bien loin, le cliché de l’infirmière scolaire uniquement chargée des petits «bobos» de ses élèves. Certes, Céline Lebouc ouvre et referme son armoire remplie de dizaines de boîtes de panse