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Une grève générale lancée en Polynésie française aussi, contre l’obligation vaccinale

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Quatre syndicats locaux contestent la loi sur l’obligation vaccinale, votée en août par l’assemblée de la Polynésie française. Ils réclament également plusieurs mesures sociales et notamment une hausse de 4% du salaire minimum.
Une manifestation avait lieu à Papeete, le 16 octobre dernier. (Vaikehu Shan/Hans Lucas/AFP)
publié le 25 novembre 2021 à 14h29

Après la Guadeloupe et la Martinique, la grogne fait tache d’huile. Une intersyndicale largement majoritaire a entamé mercredi 24 novembre en Polynésie française une grève générale contre l’obligation vaccinale et pour l’instauration de mesures sociales.

Les quatre syndicats locaux – sur les cinq que compte la collectivité du Pacifique - contestent la loi sur l’obligation vaccinale, votée en août par l’assemblée locale. Tous les Polynésiens qui exercent un métier au contact du public devront être vaccinés le 23 décembre. Moins de 58 % des Polynésiens le sont, actuellement en dépit d’une forte vague de variant Delta en août et septembre, qui a tué plus de 500 personnes sur 280 000 habitants.

Vers une diminution de l’amende

Le mouvement est surtout suivi dans le secteur privé, plus que dans la fonction publique. Moins de 1 % des salariés de l’éducation et de l’administration polynésiennes se sont effectivement mis en grève. Laquelle est davantage suivi dans les entreprises qui présentent des revendications internes. Le trafic aérien intérieur est, par exemple, perturbé par la grève des pompiers des aéroports : aucun avion, par exemple, n’a pu atterrir ou décoller de l’île de Raiatea.

Face à la contestation, le président polynésien Edouard Fritch s’est dit prêt à diminuer l’amende encourue par les non-vaccinés, mais pas à revenir sur cette loi : «Mon devoir, c’est de protéger la population et donc de maintenir l’obligation vaccinale».

Mais l’appel à la grève ne concerne pas que le sanitaire. Les syndicats souhaitent aussi une augmentation de 4 % du salaire minimum, à 1 281 euros en Polynésie, où le coût de la vie est plus élevé qu’en métropole. Le gouvernement s’est dit prêt à l’augmenter de 2 % et d’un point de plus dans quelques mois. L’intersyndicale réclame aussi la création d’un fonds d’aide aux salariés ayant perdu leur emploi, car il n’existe pas de caisse de chômage dans cette collectivité d’outre-mer autonome.

Le président Edouard Fritch a regretté la rupture des négociations par les syndicats après cinq jours. Mais les représentants ont au contraire estimé que l’élu n’avait satisfait aucun de leurs points de revendications. «Il a longuement expliqué qu’il souhaitait maintenir l’obligation de vaccination et ne pas payer excessivement les smicards», a regretté Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP-FO, le premier syndicat local.

De son côté, le président du principal syndicat polynésien de patrons, Frédéric Dock, a estimé que ce mouvement de grève était «irresponsable» et tombait «au pire moment» pour l’économie polynésienne. Jeudi matin, les négociations n’avaient pas repris.