Plus nombreux mais mieux soignés. Sous l’effet d’abord de la hausse de la population et du vieillissement des Français mais aussi de risques liés aux modes de vie, l’incidence des cancers a augmenté de manière significative ces 20 dernières années et dépassé en 2023 les 433 000 nouveaux cas estimés. Cette maladie grave, sur lequel pèsent encore de nombreux tabous, est responsable de plus de 162 400 morts en France chaque année. C’est d’ailleurs la première cause de décès chez les hommes, la deuxième chez les femmes après les maladies cardio-vasculaires. En revanche, et cela se confirme année après année, la mortalité a globalement diminué grâce à des détections plus précoces et à des progrès des traitements.
Interview
A l’intérieur de ce tableau général dressé depuis quatre ans par l’Institut National du Cancer, les hommes s’en sortent mieux que les femmes. Pour les premiers, la situation est «plutôt encourageante» grâce à une baisse de la mortalité qui apparaît plus marquée que chez les femmes, en raison de «diagnostics plus précoces et à d’avancées thérapeutiques importantes parmi les cancers plus fréquents» chez eux. En l’occurrence, la prostate (59 885 cas), le poumon (33 438 cas) et le côlon-rectum (26 212 cas). Chez les hommes, les trois cancers les plus fréquents se stabilisent voire diminuent donc.
Une tendance différente chez les femmes. Chez elles, les cancers les plus fréquents sont le sein (61 214 cas), le colorectal (21 370 cas) et le poumon (19 339 cas). Mais, souligne l’Inca, ceux du poumon et du pancréas connaissent chez elles «une augmentation préoccupante du taux d’incidence sur la période 2010-2023 : le cancer du poumon (+ 4,3 % par an), le cancer du pancréas (+ 2,1 % par an)», détaille l’institut. Facteur majeur de cette évolution : la consommation de tabac, «commencée dans les années 1970-1980 chez les femmes», plus tard que chez les hommes.
Si la survie face à de nombreux cancers, notamment de la prostate, du mélanome cutané et du sein s’est améliorée grâce aux progrès scientifiques, les cancers du poumon, du pancréas et du foie sont les plus meurtriers et d’un pronostic très défavorable. La prévention des facteurs de risques évitables de cancers et les dépistages sont «deux armes essentielles dans la lutte contre la maladie», réaffirme l’Inca, appelant à les faire progresser.