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Prévention

Vaccination contre la grippe et le Covid : coup d’envoi ce mardi

La campagne annuelle, qui vise notamment les 65 ans et plus ainsi que certains malades chroniques, débute ce 14 octobre dans l’Hexagone ainsi qu’aux Antilles et en Guyane. La vaccination est gratuite pour le public cible.

19 millions de personnes sont appelées à se faire vacciner à partir de ce 14 octobre. (Lou Benoist/AFP)
Publié le 14/10/2025 à 0h01

Le traditionnel rendez-vous vaccinal d’automne est lancé. A partir de ce mardi 14 octobre et jusqu’au 31 janvier, près de 19 millions de personnes en France métropolitaine, aux Antilles et en Guyane sont appelées à se faire vacciner contre la grippe et le Covid-19. La campagne a débuté le 9 septembre à Mayotte. La piqûre n’est pas obligatoire, mais fortement recommandée pour les personnes fragiles – et gratuite pour elles.

La liste des publics à risque dressée par les autorités comprend notamment les personnes âgées de 65 ans et plus, celles atteintes de certaines maladies chroniques, en situation d’obésité, ou encore les femmes enceintes. Elles peuvent aller récupérer leur produit antigrippal en pharmacie, munies de leur bon fourni par l’Assurance maladie. Puis se faire vacciner par un médecin, pharmacien, infirmier, sage-femme… Elles pourront, dans le même temps, aussi se faire vacciner contre le Covid – les personnes à risque sont globalement les mêmes.

La recommandation s’applique également aux professionnels de santé, pour protéger indirectement les plus vulnérables. Même logique pour les autres professionnels en contact avec ces personnes à risque, leur entourage, ou bien des personnes exposées aux virus de la grippe porcine ou aviaire – afin d’éviter de transmettre aux animaux un virus humain. Pour l’heure, les soignants ne sont pas contraints d’accepter l’injection contre la grippe, mais la Haute Autorité de santé doit se prononcer sur une éventuelle obligation courant 2026.

Le vaccin anti-Covid gratuit pour tous

Le vaccin antigrippal est également proposé aux enfants entre 2 et 17 ans, y compris s’ils n’ont pas de maladie chronique : dans ce cas, la piqûre est prise en charge à 65 % par l’Assurance maladie. Pour les autres, il est possible de se faire vacciner, mais il faudra payer. Le vaccin contre le Covid reste, lui, gratuit pour tout le monde.

A quelques jours du lancement de leur campagne annuelle, les autorités de santé ont rappelé leur objectif : «Protéger les populations les plus fragiles.» Si elle n’a pas provoqué une crise sanitaire semblable au Covid, la grippe saisonnière, qui circule généralement entre novembre et avril, n’en est pas moins dangereuse. Elle a été particulièrement sévère la saison dernière, avec trois virus en circulation. Et a entraîné près de 3 millions de consultations en ville, environ 160 000 passages aux urgences et 30 000 hospitalisations, selon les données publiées ce 14 octobre par Santé publique France. Un excès de mortalité toutes causes confondues d’environ 17 600 décès a été observé au cours de l’épidémie – comparable à celles de 2017-2018 et 2022-2023, mais bien supérieur aux trois autres connues par l’Hexagone depuis 2016.

«Ce fort impact en ville et à l’hôpital a concerné toutes les classes d’âge, mais il a été plus marqué chez les enfants de moins de 15 ans et les 65 ans et plus», notent les auteurs de l’étude publiée ce mardi. «Le pic observé la première semaine de 2025 dans les hôpitaux» à cause de la grippe «n’avait quasiment jamais [été] atteint», a insisté la semaine dernière Caroline Semaille, directrice générale de l’agence sanitaire, en conférence de presse. Les Français «se sont vaccinés trop tard», a-t-elle estimé.

D’autres facteurs sont à prendre en compte. Les vaccins eux-mêmes se sont révélés peu efficaces, notamment chez les plus âgés. Ce manque d’effet a été particulièrement surprenant pour l’une des trois souches en circulation (H1N1), alors que les résultats de laboratoire étaient prometteurs. «On n’a pas d’explication claire», a reconnu la patronne de Santé publique France. Cette année, cinq vaccins sont proposés, deux étant recommandés pour les plus âgés : l’Efluelda de Sanofi et le Fluad de Seqirus.

Pas encore d’épidémie de grippe, mais une reprise du Covid

La campagne de vaccination va débuter sans que l’épidémie de grippe n’ait démarré, mais c’est une autre histoire pour le Covid. Le virus donne des signes de reprise depuis quelques semaines : consultations en hausse, détection plus importante dans les eaux usées… quoique ces indicateurs se stabilisent désormais. Les hospitalisations augmentent chez les plus âgés, mais pas de quoi perturber le système de soins, ont assuré les autorités. Santé publique France ne juge pas le Covid plus présent qu’à la même époque l’année dernière, même si elle appelle à maintenir la vigilance.

Un nouveau variant, nommé XFG (parfois surnommé «Frankenstein»), est en cause. Rejeton de la grande famille omicron, il semble plus contagieux mais pas plus dangereux à ce stade. Les vaccins disponibles, en particulier celui produit par Pfizer, restent efficaces.

On pourrait tout de même pointer le paradoxe de ne pas avoir avancé la campagne de vaccination au moment où les premiers signes de reprise ont été décelés, justement pour protéger les plus fragiles. «On n’avait pas les arguments sur le plan épidémiologique pour modifier cette date du lancement du 14 octobre», a répondu Didier Lepelletier, directeur général de la santé, aussi devant la presse.

Leur gros enjeu est surtout de convaincre. L’année dernière, la couverture vaccinale était encore bien loin des 75 % prônés par l’Organisation mondiale de la santé : à peine plus de la moitié des 65 ans et plus avaient reçu une injection antigrippale, un quart des moins de 65 ans à risque. Les taux étaient encore plus faibles pour le Covid.