Menu
Libération
Reportage

Vaccination contre le Covid : aux Restos du cœur à Reims, une délicate distribution de piqûres

Article réservé aux abonnés
La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Dans le quartier populaire d’Orgeval, la volonté d’«aller vers» les réfractaires au vaccin ne suffit plus pour convaincre. Si l’opération permet d’accéder à des publics souvent désocialisés, elle se heurte à des réticences persistantes.
Aux Restos du cœur du quartier Orgeval, à Reims, le 15 décembre 2021, où on se méfie des «officiels» mandatés par les institutions pour inciter à la vaccination contre le Covid. (Albert Facelly/Libération)
par Nathalie Raulin et photos Albert Facelly
publié le 21 décembre 2021 à 6h00

Son chariot plein, la parka élimée se dirige vers la sortie du local de distribution alimentaire sans accorder un regard à la conseillère de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de la Marne. Entre les cageots de légumes et le congélateur pour pizza, l’espace est trop étroit pour éviter tout à fait Catherine Gass, debout dans le passage. Une place stratégique pour qu’aucun bénéficiaire des Restos du cœur ne rate la proposition «d’aide à prendre rendez-vous pour la vaccination» qui barre en bleu azur l’ordinateur portable posé sur la petite table en formica derrière elle. Face au geste d’impatience, elle s’efface pourtant sans insister.

Dès sa première permanence, fin novembre, Catherine Gass l’a compris : dans le quartier populaire d’Orgeval à Reims, on se méfie des «officiels» mandatés par les institutions. «Certains bénéficiaires pensent qu’on est là pour contrôler», soupire-t-elle dans un filet de voix. Au-delà des imprécations gouvernementales, «aller vers» les plus démunis ne s’improvise pas. Il faut de la patience et de l’humilité. Mais la ténacité paye, dit-elle. A force de la voi