Son chariot plein, la parka élimée se dirige vers la sortie du local de distribution alimentaire sans accorder un regard à la conseillère de la caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) de la Marne. Entre les cageots de légumes et le congélateur pour pizza, l’espace est trop étroit pour éviter tout à fait Catherine Gass, debout dans le passage. Une place stratégique pour qu’aucun bénéficiaire des Restos du cœur ne rate la proposition «d’aide à prendre rendez-vous pour la vaccination» qui barre en bleu azur l’ordinateur portable posé sur la petite table en formica derrière elle. Face au geste d’impatience, elle s’efface pourtant sans insister.
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Dès sa première permanence, fin novembre, Catherine Gass l’a compris : dans le quartier populaire d’Orgeval à Reims, on se méfie des «officiels» mandatés par les institutions. «Certains bénéficiaires pensent qu’on est là pour contrôler», soupire-t-elle dans un filet de voix. Au-delà des imprécations gouvernementales, «aller vers» les plus démunis ne s’improvise pas. Il faut de la patience et de l’humilité. Mais la ténacité paye, dit-elle. A force de la voi